Santé publique France estime que 14 à 20 % des logements français présentent des moisissures visibles. Allergie, asthme, infection pulmonaire, ces microorganismes peuvent avoir d’importantes répercussions sur la santé. Le témoignage de Marine met en lumière ces risques. La jeune femme de 27 ans a subi une greffe des poumons après avoir été exposée à des moisissures dans le logement qu’elle louait.
Moisissure : elle développe une pneumonie d’hypersensibilité
En janvier 2020, Marine a commencé à avoir une forte fièvre et des essoufflements. Les examens réalisés révèlent la présence d’un champignon appelé Aspergillus dans ses poumons. Le diagnostic tombe : elle souffre d’une pneumonie d’hypersensibilité.
La jeune femme explique au Figaro : “Mon pneumologue savait que je ne travaillais pas dans le bâtiment ni avec des oiseaux, des professions sujettes à ce type de maladies. Il m’a conseillé de regarder mon domicile. J’ai inspecté le mur derrière la tête de lit et il était contaminé avec de la moisissure, de la mousse et des coulures.”
Locataire d’un logement social sur la commune de Rungis, elle remarque une fissure dans le mur extérieur de l’immeuble, juste au niveau de sa chambre. Les professionnels de santé lui conseillent de quitter rapidement cet appartement problématique, car la pneumonie d’hypersensibilité peut évoluer en fibrose pulmonaire. Un grave trouble qui aboutit soit au décès, soit à la greffe.
Greffe des poumons : Marine a encore des problèmes de santé
Son état de santé se dégrade. Les médecins l'inscrivent sur la liste d’attente des greffes en février 2022. Compte tenu de son groupe sanguin fréquent et de sa petite taille, ils lui disent que l’attente pourrait durer deux ans. Toutefois, ses difficultés respiratoires s'aggravent. Elle est alors placée sous oxygène toute la journée et classée en “super urgence”. Après 3 semaines d'attente, elle est greffée des poumons le 16 mai 2022. Si l’opération lui a sauvé la vie., elle garde des séquelles : “aujourd'hui, je remarche tout juste et ce n’est pas une démarche très assurée. Je chute beaucoup. J’ai de gros soucis neuropathiques, des soucis au niveau des veines. Mes organes ont beaucoup manqué d’oxygène”, explique-t-elle dans une vidéo de Konbini.
Ces atteintes sur les autres organes pourraient d’ailleurs la conduire à devoir subir une greffe du foie et des reins.
Moisissure : elle a entamé des poursuites judiciaires
"Un prélèvement sur mes poumons natifs, à la suite de la transplantation pulmonaire, est venu confirmer le diagnostic, à un stade terminal", explique Marine. La patiente a ainsi décidé de porter plainte contre son bailleur social pour “mise en danger de la vie d’autrui”. Une expertise médicale est actuellement réalisée. “On souhaite par le biais de l’expertise établir un lien de causalité entre la moisissure et son état de santé et évaluer les conséquences sur le plan personnel, professionnel et en termes d’autonomie. Une fois l’expertise médicale délivrée, on pourra saisir le juge au fond”, explique au Figaro le cabinet d’avocats Avi Bitton, qui représente la jeune femme.
Interrogé par le quotidien, le bailleur social assure que Marine a été le seul signalement dans cette résidence de 1969. "Ce n’était pas le logement en entier qui était moisi, mais un endroit derrière la tête de lit. Elle ne l’a d’ailleurs pas vu tout de suite. On réagit toujours très rapidement pour la santé de nos locataires déjà et pour éviter des dégradations du logement", a-t-il expliqué.
Marine, qui a pris la parole dans les médias pour mettre en garde le grand public contre les dangers des moisissures, confie "je dois avoir un système immunitaire affaibli pour développer cette maladie - souvent, les personnes développent plus de l’asthme en réaction à des moisissures”. Toutefois, elle ajoute : "mais même avoir de l’asthme à cause de son logement ce n’est pas normal".