Lors d’une conférence de presse, le Pr Nicolas Chevalier, endocrinologue au CHU de Nice, a dressé un état des lieux sur les liens établis entre les perturbateurs endocriniens et le développement de nombreuses pathologies.
Perturbateurs endocriniens et cancers hormono-dépendants
"Les polluants, dont les perturbateurs endocriniens, ont d’abord un rôle prépondérant dans l’émergence des cancers hormono-dépendants, le sein, la prostate, le testicule, la thyroïde constituant des cibles pour ces composants", commence le Pr Nicolas Chevalier.
Perturbateurs endocriniens, diabète et obésité
Sur le plan métabolique, le lien entre polluants et le diabète ou l’obésité est étudié de près par les épidémiologistes. Associés à la malbouffe, ils favoriseraient le développement de ces deux pathologies, comme le démontre le pic d’incidence enregistré entre 2000 et 2005 (une période marquée par la surconsommation d’emballages en plastique et de produits à usage unique, NDLR).
Perturbateurs endocriniens et infertilité
Enfin, les études épidémiologiques menées sur l’espèce humaine ont permis de montrer que les perturbateurs endocriniens diminuaient la fertilité, étaient responsables d’issues de grossesse défavorables (avec une augmentation de la prématurité et du diabète gestationnel) et favorisaient les troubles du neurodéveloppement chez l’enfant (troubles du spectre autistique, troubles de l'attention, etc).
Diabète, obésité, cancer, infertilité : des incidences en augmentation
"Dans les années qui viennent, on peut s’attendre à une augmentation exponentielle de ces pathologies", précise le Pr Nicolas Chevalier. D’après les projections, les chiffres donnent 750 à 800 millions de diabétiques de type 2 en 2035, soit 10% du globe. On observe, d’autre part, une hausse continue de l’incidence des cancers hormono-dépendants (comme cela est rapporté pour le sein et la prostate) de l’ordre de 1% chaque année. Enfin, d’après le rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’infertilité paru en avril dernier, une personne sur six sera concernée par ce type de trouble au cours de sa vie.
"Les travaux de deux équipes européennes et américaines sur les données issues de l’Europe ont démontré, par modélisation, l’impact que pourraient avoir les polluants sur les courbes d’évolution de l’obésité et du diabète. D’après les résultats, chaque année en Europe, le bisphénol A serait responsable d’environ 45.000 cas d’obésité infantile, et les pesticides ou insecticides persistants dans la nature de 30 à 35.000 cas de diabète de type 2, avec des coûts de santé d’à peu près un milliard d’euros par an pour chacune de ces deux maladies et uniquement pour ces deux composants", conclut le spécialiste.
Perturbateurs endocriniens : quelle définition ?
La définition des perturbateurs endocriniens fait encore aujourd’hui l’objet de débats au niveau international. Cependant, celle qui a été proposée par l’Organisation mondiale de la Santé en 2002 est la plus communément admise : "un perturbateur endocrinien (PE) désigne une substance ou un mélange qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations".