C’est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme dans le monde. Chaque année, près de 3.000 Françaises développent un cancer du col de l’utérus et 1.000 patientes en meurent, selon Santé publique France. La prise en charge de cette tumeur, attribuable dans presque 100 % des cas à une infection à papillomavirus humains transmise par voie sexuelle, repose sur l’amputation, la chimiothérapie, l’hystérectomie, la radiothérapie externe ou encore la curiethérapie. Ces traitements améliorent les chances de survie des malades.
Cependant, l'administration de fortes doses de rayonnement aux tumeurs proches du vagin peut entraîner une sténose vaginale (à savoir un raccourcissement ou un rétrécissement du vagin) et des modifications à long terme du tissu vaginal. Cela peut compliquer les examens gynécologiques ou provoquer des douleurs pendant les rapports sexuels. Ainsi, les médecins recommandent souvent une dilatation vaginale régulière et continue pour atténuer ces effets secondaires et empêcher la formation de tissu cicatriciel, mais peu de travaux ont quantifié son impact.
Un risque plus faible de raccourcissement et de rétrécissement vaginal grâce à des rapports sexuels réguliers
C’est pourquoi des chercheurs de l’université de Vienne ont mené une étude, dont les résultats ont été présentés lors du congrès annuel de l'American Society for Radiation Oncology (ASTRO). Ils ont utilisé une recherche observationnelle qui a mesuré les effets secondaires vaginaux chez 1.416 personnes atteintes d'un cancer du col de l'utérus localement avancé. Dans une sous-cohorte de 882 patientes, les scientifiques autrichiens ont comparé les effets indésirables des adultes sexuellement actives ou utilisant régulièrement des dilatateurs vaginaux au cours des années suivant le traitement à ceux qui ne suivaient pas cette routine. Au cours des cinq années suivant le traitement, les patientes ont eu 11 rendez-vous médicaux avec des examens gynécologiques et ont rempli des questionnaires sur la qualité de vie, l'activité sexuelle et la dilatation vaginale.
Selon l’équipe, 64 % des patientes ont signalé une dilatation vaginale ou une activité sexuelle régulière, qui est définie comme le fait que la patiente rapporte cette pratique pendant la moitié ou plus de son suivi. Cela était associé à un risque plus faible de raccourcissement et de rétrécissement vaginal cinq ans après le traitement. Autre constat : les participantes qui ont signalé à la fois une dilatation et des rapports sexuels présentaient le risque le plus faible de sténose vaginale, suivies par celles qui étaient sexuellement actives mais n'utilisaient pas de dilatateurs vaginaux et celles qui utilisaient des dilatateurs mais n'étaient pas sexuellement actives.
Une sécheresse vaginale et des saignements peuvent survenir
Les travaux ont également montré qu'une activité sexuelle régulière et/ou une dilatation vaginale étaient associées à un risque accru d'autres symptômes vaginaux, mais légers, tels qu'une sécheresse et des saignements. "Cela n'a rien d'étonnant, car la sécheresse vaginale est plus souvent perçue comme un manque de lubrification chez les patientes qui se livrent à une forme quelconque d'activité pénétrante et que des saignements mineurs pendant ou après une dilatation ou un rapport sexuel peuvent souvent être causés par une irritation de la muqueuse vaginale. La sécheresse vaginale et les saignements mineurs peuvent être gérés avec des lubrifiants, des hydratants et/ou un traitement hormonal substitutif. Le risque d'avoir ces effets secondaires mineurs ne devrait pas empêcher les patientes d'avoir des rapports sexuels, car ces activités peuvent aider à prévenir une affection plus grave et irréversible", a déclaré Kathrin Kirchheiner, auteur de l’étude.
Bien que les résultats indiquent une option prometteuse permettant aux patientes de maintenir leur santé sexuelle après un traitement contre le cancer du col de l'utérus, les scientifiques ont souligné que ces recherches étaient observationnelles et ne pouvaient donc rapporter que des associations. Des questions subsistent quant à la mesure dans laquelle la dilatation vaginale et/ou les rapports sexuels préviennent efficacement le raccourcissement et le rétrécissement, ou si la survenue de symptômes vaginaux nuit à la possibilité que les patientes soient capables de pratiquer ces activités.
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