« La nécessité de protéger ceux qui nous soignent » : voilà comment le gouvernement, par la voix de la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin-Le Bodo, explique l'urgence de répondre à la montée des actes de violence contre les professionnels de santé. Plus de 1.200 incidents recensés en 2022 contre des médecins, 30.000 agressions de personnels dans les établissements de soins, dont 45% visant des infirmiers, montrent que ces professions doivent faire face à une agressivité croissante.
Le 29 septembre sur RMC, la ministre a développé un plan qui repose sur trois piliers : sensibilisation et formation des professionnels de santé, sécurité des cabinets et établissements de soins et accompagnement des victimes.
De la vidéosurveillance dans les établissements
« La tolérance zéro doit être de mise, on n’a pas le droit d’agresser ceux qui prennent soin de nous », a affirmé Agnès Firmin Le Bodo en annonçant une campagne qui sera lancée dès le mois de novembre prochain intégrant la formation de 150 000 professionnels de santé à la gestion de l’agressivité et au secourisme sur la santé mentale.
« Le deuxième axe, c’est penser en termes de sécurité les bâtiments que l’on construit, peut-être même mettre en place des caméras de vidéoprotection », a poursuivi la ministre. Un point déjà avancé par le Dr François Arnault qui, dans l’émission « La Santé en Questions », avait évoqué cette possibilité tout en reconnaissant qu’elle pouvait poser un problème de confidentialité si elle était mise en place dans les cabinets médicaux.
Un délit d’outrage pour les professionnels libéraux
Mais c’est le troisième volet de ce plan qui est sans doute le plus spectaculaire puisque le gouvernement annonce la création d’un délit d’outrage pour les professionnels libéraux. « Il y aura des sanctions adaptées, prévient Agnès Firmin-Le Bodo, on répond à une demande forte ». Autre nouveauté sur l’aspect judiciaire de ce plan pour la sécurité des professions de santé, le fait que les directeurs d’établissements pourront porter plainte au nom des agents « si ceux-ci ne le souhaitent pas par peur des représailles ».
« Donner aux jeunes l’envie de faire ces métiers »
L’affaire est d’importance. La montée de ces agressions contre les professions de santé, si elle est liée à une montée générale de la violence dans la société, est aussi, selon le président de l’Ordre, une conséquence d’une « démographie médicale catastrophique » qui entraîne de plus en plus de difficultés pour des millions de patients d’obtenir un rendez-vous médical, ce qui participe à la montée de l’exaspération dans les salles d’attente. Et le gouvernement fait lui aussi ce lien : « La volonté de mettre des médecins, elle est là, mais la difficulté c’est que nous n’avons ni les médecins ni les infirmiers formés pour les postes vacants et si l’on veut donner aux jeunes l’envie de faire ces métiers, il faut bien qu’on prenne ce sujet ; on sait qu’il y a un problème, on apporte des réponses », a affirmé Agnès Firmin-Le Bodo.