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Protection de l'enfant

Crier sur son enfant peut être aussi nocif que les abus physiques

Par Camille Sabourin

Une nouvelle étude met en évidence l'importance de considérer les abus verbaux infligés aux enfants - tels que crier et hurler -  comme une forme distincte de maltraitance infantile.

evgenyatamanenko/istock
La maltraitance infantile désigne les violences et la négligence envers toute personne de moins de 18 ans. Il peut s'agir de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, d'abus sexuels, de traitements négligents ou encore d'exploitation commerciale. La maltraitance affecte le développement, le bien-être et la santé de l’enfant.
Des scientifiques estiment que les violences verbales envers un enfant comme les cris, les hurlements, le dénigrement ou encore les menaces, soient considérées comme de la maltraitance.
Ils ont en effet découvert que les abus verbaux ont de graves répercussions sur la santé et le bien-être des enfants, et cela toute leur vie.

La maltraitance infantile est un problème grave qui peut prendre différentes formes, allant de la violence physique à la négligence. Cependant, une nouvelle revue systématique, réalisée par des chercheurs d'University College London et de l'Université Wingate, souligne l'importance de considérer les abus verbaux infligés aux enfants comme une forme distincte de violence.

L'étude qui vient d'être publiée dans Child Abuse & Neglect : The International Journal, montre que les cris et les hurlement des adultes peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être et le développement des jeunes.

Violence verbale : les parents sont les principaux auteurs

Lors de leur étude, les chercheurs ont défini la violence verbale comme les paroles qui peuvent nuire au bien-être d'un enfant, tels que le dénigrement, les hurlements, les cris et le langage menaçant. Ils ont examiné un total de 149 recherches quantitatives et 17 travaux qualitatifs pour évaluer les effets ce type d'abus sur les enfants.

Premier constat : les principaux auteurs étaient les parents (76,5 %), les autres adultes du domicile (2,4 %) et les enseignants (12,71 %). Les entraîneurs et la police étaient également cités, mais plus faiblement (0,6 % tous les deux).

Autre fait particulièrement inquiétant : les résultats ont montré que crier ou hurler sur un petit peut avoir des conséquences émotionnelles et psychologiques durables tout au long de sa vie. Les enfants soumis à des mauvais traitements oraux présentaient des risques accrus pour plusieurs troubles comme une mauvaise gestion de la colère, la dépression, la toxicomanie, l'automutilation et l'obésité.

La violence verbale doit être considérée comme une maltraitance infantile

Face aux données qu'ils ont mises en lumière, les chercheurs appellent à intégrer la violence verbale dans la maltraitance infantile. L'auteure principale, la professeure Shanta Dube (Wingate University, États-Unis), explique dans un communiqué : "La violence verbale chez les enfants doit désespérément être reconnue comme un sous-type d'abus, en raison des conséquences négatives tout au long de la vie. Nous avons vu d'énormes progrès dans la sensibilisation accrue et les interventions ciblant les auteurs d'abus physiques et sexuels conduisant à la réduction de ces formes de mauvais traitements. Si nous nous concentrons sur la « violence verbale » par les auteurs plutôt que sur la simple « violence émotionnelle », nous pouvons développer des actions similaires pour prévenir la violence verbale envers les enfants et ses conséquences."

Si les hurlements et les cris étaient les formes les plus documentées des abus oraux dans les études passées au crible, l'équipe estime que la définition de la violence verbale devrait tenir compte non seulement des mots utilisés, mais aussi de l'intention, la façon de le dire et de l'impact immédiat sur les enfants.

Jessica Bondy, fondatrice de Words Matter, l'organisation caritative qui a commandité la recherche, a ajouté : "Il est primordial de saisir la véritable ampleur et l'impact de la violence verbale chez les enfants. Tous les adultes sont parfois énervés et disent des choses involontairement. Nous devons travailler collectivement pour trouver des moyens de reconnaître ces actions et de mettre fin à la violence verbale sur les enfants afin qu'ils puissent s'épanouir". Elle conclut : "Les mots ont du poids, ils peuvent élever ou détruire. Construisons les enfants, ne les renversons pas."