Près de 37 % des Françaises et Français déclarent avoir été confrontés à des pénuries de médicaments en 2023, selon un rapport d’informations publié par le Sénat. Durant l’hiver 2022-2023, la France a fait face à une triple épidémie de Covid-19, de bronchiolite et de grippe, avec des difficultés d’approvisionnement en médicaments, en particulier l’amoxicilline et le doliprane.
Des stocks suffisants d’amoxicilline pour l’hiver
Dans une interview accordée à France Inter le 3 octobre, Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, a assuré que l’Hexagone a "les stocks pour l'hiver en matière d'amoxicilline, l'antibiotique le plus courant". Le gouvernement a notamment "relocalisé en France la production de 25 médicaments stratégiques" et a mis "450 médicaments sous surveillance depuis l'an dernier."
Néanmoins, le ministre de la Santé a alerté sur des problèmes de répartition avec "notamment, des plus grosses pharmacies qui ont fait des sur-stocks". Il a donc "pris la décision de redonner à ceux qui font la répartition la responsabilité que toutes les pharmacies, y compris les plus petites, aient accès à ces stocks". Les niveaux des stocks de médicaments vont également dépendre de la virulence des épidémies hivernales.
Un plan d’action pour prévenir les pénuries de médicaments
Pour anticiper les potentielles flambées épidémiques hivernales, l’Agence nationale du médicament (ANSM) a également élaboré un plan anti-pénuries, qui a été lancé le 3 octobre. "L’action de l’ANSM est centrée sur la gestion des ruptures de stock et risques de rupture de stock de ces médicaments essentiels. En effet, une tension d’approvisionnement ou une rupture de stock d’un MITM [ndlr médicaments d’intérêt thérapeutique majeur] peut entraîner un risque de santé publique", a précisé l’autorité sanitaire dans un communiqué.
Les stocks en pharmacie de quatre types de médicaments feront donc l’objet d’une surveillance accrue durant l’hiver : les antibiotiques (amoxicilline), les anti-asthmatiques, les corticoïdes ainsi que le paracétamol.
Pour évaluer les risques de pénurie, trois critères seront pris en compte :
- les données épidémiologiques de Santé publique France ;
- les données de l’ANSM sur les approvisionnements ;
- les données de terrain fournies par les professionnels de santé et les patients.
En cas de risque de pénurie sur un médicament, l’ANSM peut interdire les exportations et diminuer les doses livrées en pharmacie. L’organisme peut également obliger les laboratoires à avoir recours à des grossistes, c’est-à-dire leur interdire de vendre en direct ou de faire fabriquer les médicaments en tension par les pharmacies d'officine, qui sont en mesure de le faire, ou par les pharmacies des hôpitaux.
Pénurie de médicaments : le relai des pharmacies
Face aux ruptures de stock, certaines pharmacies se mettent à préparer les médicaments. C’est notamment le cas de la pharmacie Delpech à Paris, qui fabrique ses propres gélules. "On passe notre temps à gérer les ruptures d’approvisionnement (…) fin décembre 2022, on faisait 1.800 préparations par jour, aujourd'hui on tourne à environ 2.300/2.400 préparations, toutes molécules confondues, soit une hausse d'environ 25 % uniquement due à la gestion des ruptures", a indiqué Fabien Bruno, patron de la pharmacie préparatrice Delpech, à France 3 Paris/Île-de-France.
L’officine parisienne a commencé par l’amoxicilline, les corticoïdes, et maintenant la flécaïnide, un traitement destiné aux patients souffrant d’arythmies cardiaques. Depuis plusieurs mois, ce médicament très courant est également victime de la pénurie.