- Un dépistage précoce de la surdité de l’enfant est nécessaire pour que l’apprentissage du langage se fasse correctement.
- L’orthophoniste, l’ORL, les audioprothésistes, les psychologues, pédopsychiatres et psychomotriciens ont un rôle essentiel dans la prise en charge de l’enfant sourd. Tout comme le médecin généraliste, interlocuteur principal de la famille et de l’enfant.
- L’orthophoniste a un rôle d’accompagnement des parents et de l’enfant mais aussi de rééducation afin de développer les compétences de communication de l’enfant atteint de surdité.
Invités, en septembre 2023, de l'une de nos émissions dédiée au dépistage précoce de la surdité chez les enfants, le Dr Antoine PAUL, ORL et Mme Sophie RUIZ, orthophoniste de son équipe, ont répondu à nos questions. En voici les détails.
Surdité : des tests de dépistage dès la naissance
Maladie relativement fréquente, la surdité peut exister à la naissance mais apparaître aussi plus tardivement. D’ailleurs, le Dr Paul indique que : « entre 6 et 10 ans, on compte 3 à 5 enfants sur 1000 atteints de surdité ».
Heureusement, un dépistage obligatoire mis en place en 2012, est proposé à tous les parents dans les maternités et en service de néonatologie. Cette pratique a permis un dépistage précoce des surdités, élément important selon le Dr Paul puisque que cela "permet aux enfants de bien acquérir le langage".
Ce test est effectué par des personnels soignants formés, dans un endroit calme avec un bébé bien reposé. Il en existe 2 types : les auto-émissions acoustiques provoquées et les potentiels évoqués auditifs. Ils sont totalement indolores et automatisés. Le casque ou les écouteurs sont posés sur l’oreille, et dans certains cas des électrodes sont mises au niveau du front. Ces systèmes permettent de détecter la fonction auditive des 2 oreilles. Le Dr Paul explique : "C’est un test de dépistage. C’est-à-dire que si ça passe on est sûr que l’enfant entend, mais si ça ne passe pas, ça ne veut pas dire qu’il est sourd mais que le jour du test il a peut-être une difficulté. Donc il faut recontrôler 48 heures plus tard, avant la sortie de maternité ou du service de néonatologie". Et si au 2ème test, "ça ne passe pas d’un côté ou des 2 côtés, il faut que l’enfant soit adressé dans un service spécialisé".
Surdité : surveiller le langage
Si la surdité n’a pas été détectée, il faut surveiller le développement du langage. Comme le précise le Dr Paul : "Un enfant qui parle est un enfant qui entend". Les parents, autant que les professionnels de santé, doivent surveiller ce développement du langage (vocabulaire, construction de phrases…) en fonction des étapes du développement psychomoteur de l’enfant. Un retard doit automatiquement amener à effectuer un test auditif. Mme Ruiz, orthophoniste, confirme que "tout trouble du langage chez l’enfant pose la question de l’intégrité de l’audition".
Si une surdité est détectée, il faut mesurer son niveau de sévérité et en connaitre l’origine. La surdité du jeune enfant peut être génétique, ou de cause materno-fœtale (transmission via le placenta), ou être due à une grande prématurité. Parfois la cause est toxique, à la suite de la prise de médicaments ototoxiques (toxique pour le système auditif) mais nécessaires pour traiter certaines infections graves. Il existe également des surdité transitoires (otite) et d’autres permanentes qu’il faut donc différencier pour adapter le traitement.
Surdité : un appareillage dès 3-4 mois
La prise en charge consiste à appareiller l’enfant le plus tôt possible (dès 3-4 mois). L’appareil est alors en contour d’oreilles qui moulent complètement les conduits auditifs externes, afin que les enfants ne les perdent pas car ils bougent souvent beaucoup. Ces appareils sont gros, encombrants mais « cela ne signifie pas forcément que l’enfant est très sourd » insiste le Dr Paul.
Plusieurs personnes sont importantes dans la prise en charge des enfants sourds comme l’ORL (oto-rhino-laryngologue), les audioprothésistes, les orthophonistes, et parfois même les psychologues si besoin car, en effet, le vécu n’est pas facile pour les enfants et les parents. Dans certains cas, des psychomotriciens interviennent, des pédopsychiatres également. Le médecin généraliste a bien sûr un rôle important puisqu’il est l’interlocuteur principal de la famille et de l’enfant.
Surdité : le rôle important de l’orthophoniste
Il est nécessaire d’effectuer un bilan avec un ou une orthophoniste pour connaitre les acquis de l’enfant.
Même chez les très petits, Mme Ruiz nous explique que l’orthophoniste accompagne les parents et essaie d’améliorer la communication de l’enfant, de stimuler son langage et de lui indiquer comment faire attention aux bruits autour de lui, aux signes du visage de l’autre. Et ceci quel que soit l’âge de l’enfant.
Surdité : un rôle primordial pour les parents
Le rôle des parents est majeur, comme le souligne le Dr Paul. Pour lui, ils doivent soutenir l’évolution de l’enfant et également s’assurer que l’appareil est bien porté. Les parents doivent encourager leur enfant dès le plus jeune âge. Il est nécessaire que les parents maintiennent un lien avec lui pour qu’il ne se sente pas isolé. Il faut qu’ils communiquent avec lui en parlant correctement, de façon claire, en articulant et bien en face de l’enfant pour qu’il détecte les signes du visage.
Mme Ruiz précise que : "la prise en charge orthophonique s’adapte en fonction des besoins et de l’adaptation de la famille". D’ailleurs, très tôt, elle effectue de l’accompagnement parental en leur montrant comment stimuler au mieux l’enfant. L’orthophoniste peut aussi faire de la rééducation dès que "l’enfant se tient assis et peut tenir son attention plus que quelques secondes". Cela permet de bien développer les compétences de communication de l’enfant. Les parents vont devoir surveiller l’entrée dans les apprentissages pour détecter le moindre problème afin d’améliorer son pronostic social et scolaire.
N'oublions pas que dans beaucoup de cas, l’appareillage ou les implants cochléaires existent et peuvent améliorer les choses. Quoi qu’il en soit, retenons qu’un dépistage précoce permet d’espérer un avenir plus simple pour l’enfant et son entourage.