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Psychologie

La MDMA et la méthamphétamine, des stimulants thérapeutiques ?

Par Chloé Savellon

Ces drogues peuvent aider les thérapeutes et leurs patients à établir de meilleures relations et à avoir des séances plus efficaces.

Makhbubakhon Ismatova/iStock
Après avoir pris de MDMA et de la méthamphétamine, les participants ont déclaré se sentir beaucoup plus connectés à leur interlocuteur.
Ces drogues ont aussi fait augmenter leurs niveaux d’ocytocine.
Les scientifiques pensent qu’elles pourraient améliorer les thérapies en augmentant le lien social entre un patient et son thérapeute.

La MDMA, plus communément connue sous le nom d’ecstasy, est une drogue psychédélique récréative souvent utilisée lors des fêtes, car elle crée des sentiments de proximité et de lien social avec les autres. En raison de cet effet "empathogène", les chercheurs s’intéressent à son utilisation potentielle en complément de la thérapie par la parole. Récemment, il a été prouvé que cette drogue soulageait les symptômes du stress post-traumatique. Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Scientific Reports, des scientifiques de l’université de Chicago (États-Unis) ont montré que la MDMA augmentait les sentiments de connexion durant la conversation avec un spécialiste, ce qui est prometteur pour la thérapie.

Comment la MDMA et la méthamphétamine affectent-elles les interactions sociales ?

Pour parvenir à cette conclusion, ils ont examiné les effets pharmacologiques de la MDMA et la façon dont elle influence les interactions sociales. Dans le cadre de leurs travaux, ils ont recruté 18 adultes en bonne santé qui ont été associés à une personne qu’ils n’avaient jamais rencontré. Pendant une certaine période, les participants ont reçu une dose de 100 mg de MDMA dans une capsule, et d’autres fois, ils ont bénéficié d’un placebo. L’expérience s’est déroulée en double aveugle (c’est-à-dire qu’ils ne savaient pas quel médicament ils recevaient), afin de minimiser l’influence des attentes.

Les volontaires ont eu une conversation avec leur partenaire. L’équipe leur a donné des questions destinées à entamer des conversations informelles sur leurs émissions de télévision préférées ou leurs vacances préférées, sans pour autant inciter à avoir des réponses profondes ou particulièrement émotionnelles. Ensuite, les auteurs ont également mené une expérience similaire avec la méthamphétamine (une dose de 20 mg), qui présente à la fois des similitudes et des différences avec la MDMA en termes d’actions des récepteurs dans le cerveau.

Au cours des deux expériences, il a été demandé aux volontaires d'évaluer les qualités globales de leur partenaire et de la conversation. Les chercheurs ont également collecté des échantillons de salive pour mesurer les niveaux d’ocytocine, une hormone associée au renforcement des liens sociaux entre les personnes.

Les adultes ayant pris ces drogues se sentaient plus connectés à leur interlocuteur

"Par rapport au placebo, la MDMA et la méthamphétamine ont augmenté le sentiment de connexion avec les interlocuteurs", peut-on lire dans les résultats des travaux. Selon les auteurs, ces drogues ont augmenté les niveaux d'ocytocine, mais les niveaux d'ocytocine n'étaient pas liés au sentiment de proximité. Les scientifiques pensent que la MDMA pourrait améliorer les thérapies en augmentant le lien entre un patient et son thérapeute, en facilitant les conversations et en aidant le patient à se sentir plus à l’aise pour s’ouvrir et explorer ses émotions.

"Quand on voit qu’une drogue comme la MDMA est consommée dans un cadre récréatif, c’est peut-être parce que les gens croient qu’elle favorise le sentiment de connexion. En tant que chercheurs, nous nous intéressons aux composantes psychologiques impliquées. Tout ce que nous avons vu avec la MDMA dans des études suggère que ces effets faciliteraient la psychothérapie et amélioreraient le processus. Il peut y avoir différentes façons de faire en sorte que les gens se sentent plus connectés, l'une médiée par l'ocytocine, comme avec la MDMA, et l'autre médiée par quelque chose d'autre. Mais il se peut que le simple fait de parler et d'avoir une longue conversation permette aux gens de se sentir plus proches les uns des autres", a conclu Harriet de Wit, auteur des recherches, dans un communiqué.