- Chez des souris, la supplémentation en fibres a considérablement modifié la composition du microbiote intestinal.
- Ces changements positifs dans les intestins ont permis de réduire l'inflammation dans la région du cerveau responsable de la mémoire.
- Désormais, les chercheurs australiens veulent lancer des essais cliniques pour savoir si les résultats sont similaires chez les êtres humains.
Diarrhée, chute de cheveux, nausées, douleurs articulaires, fatigue… Les effets secondaires de la chimiothérapie sont nombreux. Parmi les réactions, on retrouve aussi l’inflammation cérébrale. Cette dernière est associée à une série de problèmes neuropsychologiques, notamment les troubles cognitifs, la dépression, l’anxiété et la peur d’une récidive du cancer.
"L’utilisation de thérapies microbiennes n’a pas encore été étudiée dans ce contexte. Par conséquent, nous avons cherché à examiner l’effet d’un régime riche en fibres connu pour moduler le microbiote et son métabolome (l’ensemble des métabolites) associé sur la neuroinflammation provoquée par l’agent chimiothérapeutique (5-FU)", ont indiqué des chercheurs australiens.
Microbiote : les acides gras à chaîne courte diminuent l’inflammation liée à la chimiothérapie
Pour les besoins de leurs travaux, publiés dans la revue Brain, Behavior and Immunity, ils ont mené une expérience sur 24 souris femelles qui ont été traitées avec l’agent chimiothérapeutique (5-FU). Certains rongeurs ont suivi un régime riche en fibres pendant une semaine avant le traitement et jusqu’à la fin de l’étude. Ensuite, les scientifiques ont collecté leurs matières fécales et ont procédé à un séquençage du gène de l'ARNr 16S.
Selon les résultats, les fibres alimentaires affectent le microbiote en augmentant le nombre de bons microbes qui produisent des métabolites anti-inflammatoires, appelés "acides gras à chaîne courte". Ces acides gras à chaîne courte peuvent pénétrer dans la circulation sanguine et diminuer l’inflammation dans tout le corps, y compris dans le cerveau. Dans le détail, "les fibres réduisaient l'inflammation dans la région du cerveau responsable de la mémoire jusqu'à 50 %. (…) La supplémentation en fibres est une intervention si simple qui peut être mise en œuvre facilement et à moindre coût", a déclaré le Dr Courtney Cross, auteur des recherches, dans un communiqué.
"L’apport en fibres pourrait" alléger "le fardeau associé à tous les symptômes neuropsychologiques"
"Nous cherchons à améliorer la vie des personnes vivant avec et au-delà du cancer par tous les moyens possibles, car en plus de recevoir un traitement aigu, les patients suivent souvent une chimiothérapie à long terme pour prévenir la récidive du cancer, ce qui a un impact significatif sur leur qualité de vie. Nous sommes optimistes et pensons que l'augmentation de l'apport en fibres pourrait potentiellement apporter un soulagement en allégeant le fardeau associé à tous les symptômes neuropsychologiques avec une seule intervention", a-t-elle ajouté.
Les scientifiques travaillent actuellement sur des essais cliniques, qu’ils veulent lancer, pour déterminer si la supplémentation en fibres présente les mêmes avantages pour les êtres humains.