L'accident vasculaire cérébral (AVC) a de fortes répercussions sur la santé. Il est la première cause de handicap physique acquis de l'adulte et la deuxième cause de démence (après la maladie d'Alzheimer). Et son impact devrait être de plus en plus lourd si des mesures ne sont pas prises. Selon un rapport du Lancet Neurology, le nombre de décès liés à cette pathologie va doubler en trente ans.
AVC : une hausse mondiale qui toucherait surtout les pays à revenu faible
"À moins que des mesures urgentes ne soient prises, on estime que le nombre de personnes qui meurent d'un accident vasculaire cérébral dans le monde augmentera de 50 % d'ici 2050 pour atteindre 9,7 millions de décès par an, avec des coûts annuels aussi élevés que 2,3 milliards de dollars américains", mettent en garde les auteurs du rapport publié le 9 octobre 2023.
Les prévisions indiquent que les pays à revenu faible ou intermédiaire seront les plus durement touchés par l'augmentation du nombre de décès liés à l'AVC passant de 5,7 millions morts en 2020 à 8,8 millions en 2050. En revanche, la mortalité liée à cette maladie devrait rester relativement stable dans les pays à revenu élevé avec environ 900.000 décès par an.
"L'Asie a représenté de loin la plus grande proportion de décès par accident vasculaire cérébral dans le monde en 2020 (61 %, soit environ 4,1 millions de décès) et cela devrait atteindre environ 69 % d'ici 2050 (environ 6,6 millions de décès). Bien que plus faible par rapport à l'Asie, le nombre de décès annuels par accident vasculaire cérébral dans le monde dans les pays d'Afrique subsaharienne passera de 6 % en 2020 à 8 % en 2050. Nous devons examiner de près ce qui est à l'origine de cette augmentation, y compris le fardeau croissant des facteurs de risque non contrôlés - en particulier l'hypertension artérielle, et le manque de services de prévention et de soins contre les accidents vasculaires cérébraux dans ces régions", précise dans un communiqué le professeur Jeyaraj Pandian, président élu du World Stroke Organization qui a travaillé sur cette recherche.
Prise en charge de l'AVC : "nous avons besoin d'une amélioration drastique aujourd'hui"
Face à ces estimations alarmantes sur la prévalence des AVC, il est impératif d'agir rapidement pour réduire les risques, selon 12 experts réunis pour établir de nouvelles recommandations permettant de lutter contre ce trouble aussi appelé "attaque cérébrale".
"Parmi les principaux obstacles identifiés figuraient une faible sensibilisation à l'accident vasculaire cérébral et à ses facteurs de risque (qui comprennent l'hypertension artérielle, le diabète sucré, l'hypercholestérolémie, l'obésité, une alimentation malsaine, un mode de vie sédentaire et le tabagisme), ainsi que des données de surveillance limitées sur les facteurs de risque d'accident vasculaire cérébral, les événements, la prise en charge et les résultats de l'accident vasculaire cérébral", expliquent-ils dans le communiqué du rapport.
Ils recommandent ainsi de :
- mettre en place de systèmes de surveillance pour fournir des données épidémiologiques précises sur les accidents vasculaires cérébraux afin de guider la prévention et le traitement ;
- sensibiliser le grand public sur les moyens de prévenir et prendre en charge rapidement les AVC ;
- donner la priorité au développement de services de soins des accidents vasculaires cérébraux plus efficaces, au renforcement de leurs capacités, à la formation, à la fourniture d'équipements appropriés, de traitements et de médicaments abordable ;
- adapter les recommandations aux contextes régionaux ;
- établir des écosystèmes locaux, nationaux et régionaux impliquant toutes les parties prenantes concernées pour co-créer, mettre en œuvre la surveillance, la prévention, les soins actifs et la réadaptation des accidents vasculaires cérébraux.
La professeure Sheila Martins, de l'Universidade Federal de Rio Grande do Sul, au Brésil, et présidente de l'Organisation mondiale des accidents vasculaires cérébraux, met en garde : "les lacunes dans les services prennant en charge les accidents vasculaires cérébraux à travers le monde sont catastrophiques. Nous avons besoin d'une amélioration drastique aujourd'hui, pas dans 10 ans".