Karin, Suédoise de 50 ans, pourrait se faire appeler la “femme bionique” sans vraiment mentir. Amputée de la main droite, elle a bénéficié, il y a trois ans, du premier membre robotique rattaché à des os, des nerfs et des muscles résiduels.
Son parcours avec cette prothèse high tech a fait l’objet d’une étude, publiée le 11 octobre, dans la revue Science Robotics.
Main bionique : elle “fusionne” avec les systèmes nerveux et squelettique
Karin a perdu sa main, il y a plus d’une vingtaine d’années, lors d’un accident agricole. Depuis cet événement, son quotidien était marqué par des prothèses inconfortables et des douleurs du membre fantôme. “J'avais l'impression d'avoir constamment la main dans un hachoir à viande, ce qui créait un niveau élevé de stress et que je devais prendre de fortes doses de divers analgésiques”, confie-t-elle dans un communiqué.
Mais sa vie a changé lorsqu’il lui a été proposé il y a trois ans d’être la première personne équipée avec une main bionique ayant une interface homme-machine avancée. La prothèse, développée par un groupe multidisciplinaire d'ingénieurs et de chirurgiens de Suède, d'Australie et d'Italie, est fixée et connectée directement sur l’os. De plus, des électrodes implantées dans les nerfs et les muscles permettent une connexion électrique avec le système nerveux. Cette technique, appelée osteointegration, a été couplée avec une “chirurgie de réinnervation musculaire ciblée”. L’opération consistait à réorganiser les nerfs et les muscles du membre résiduel pour fournir plus de sources d'informations sur le contrôle moteur à la prothèse.
L’étude révèle que cette nouvelle prothèse, portée depuis 3 ans, permet à la cinquantenaire d’effectuer 80 % des tâches qu’elle faisait avec ses deux mains. Karin est entre autres capable de tourner les poignées de porte ou encore de cuisiner des repas. Il lui arrive aussi d’avoir certaines sensations au niveau du bras artificiel.
Prothèse bionique : "elle m'a donné une vie meilleure"
En plus d’un meilleur contrôle sur la prothèse, Karin a vu apparaître un autre bénéfice de taille après l’installation de la prothèse. “Ma douleur a diminué. Aujourd'hui, j'ai besoin de beaucoup moins de médicaments”, explique-t-elle.
Le professeur Max Ortiz Catalan, chef de la recherche en prothèses neuronales à l'Institut de bionique en Australie et fondateur du Center for Bionics and Pain Research (CBPR) en Suède, indique : "Notre approche chirurgicale et technique intégrée explique également la réduction de la douleur, car Karin utilise maintenant les mêmes ressources neuronales pour contrôler la prothèse que pour sa main biologique manquante".
"En combinant l'ostéointégration avec la chirurgie reconstructive, les électrodes implantées et l'IA, nous pouvons restaurer la fonction humaine d'une manière sans précédent. Le niveau d'amputation du coude inférieur présente des défis particuliers, et le niveau de fonctionnalité atteint marque une étape importante dans le domaine des reconstructions avancées des extrémités dans son ensemble", estime le professeur Rickard Brånemark, affilié à la recherche au MIT, professeur agrégé à l'Université de Göteborg et PDG d'Intenum, a dirigé la chirurgie.
Karim conclut pour sa part : "Pour moi, cette recherche a signifié beaucoup, car elle m'a donné une vie meilleure".