"C'est la première intervention majeure que nous ayons menée contre les infections sexuellement transmissibles (IST) depuis le vaccin contre le virus du papillome humain", expliquait, il y a quelques mois, Jonathan Mermin, responsable de la prévention des IST pour les centres américains chargés du contrôle et de la prévention des maladies (CDC) au Washington Post en parlant du doxyPEP.
Un traitement contre les IST désormais pris en préventif
Le doxyPEP pour doxycycline post-exposure prophylaxis. Comme le rapporte CNN, la doxycycline est un médicament déjà en vente et utilisé pour traiter les IST bactériennes.
Plusieurs essais, dès 2015, ont récemment démontré que 200 milligrammes de ce médicament pris dans les 72 heures après un rapport sexuel à risque pouvait agir en préventif contre trois IST, la syphilis, la chlamydia et la gonorrhée. Cet usage en préventif, appelé doxyPEP, fonctionne comme la pilule du lendemain : le cachet doit être pris le plus rapidement possible après un rapport à risque.
Fort des résultats du doxyPEP, le département de santé de San Francisco a publié des recommandations en 2022. Dans ce document, l’instance recommande l’utilisation de la doxyPEP aux hommes cisgenres et aux femmes trans qui ont eu un rapport sexuel à risque.
Plus récemment, le 2 octobre 2023, les CDC ont même publié un dossier pour recueillir les commentaires des professionnels de santé sur l’utilisation de la doxyPEP. “L'objectif est de fournir des lignes directrices et des conseils cliniques actualisés aux professionels de santé afin d'éclairer l'utilisation de la doxyPEP en préventif contre les IST bactériennes”, détaille les CDC.
Les limites de cette “pilule du lendemain” contre les IST
“Rendre la DoxyPEP accessible à tout un chacun après un rapport sexuel sans préservatif aurait, certes, permis d'éviter 70 % des IST mais aurait également obligé les 10.500 personnes de l'étude à prendre le médicament ce qui soulève d'importantes préoccupations concernant un risque accru de développement des résistances”, peut-on lire sur ce site au sujet d’une étude réalisée à Boston. En effet, plus un antibiotique est pris, plus la résistance se développe, ce qui signifie que le médicament finit par ne plus être efficace.
Enfin, comme le souligne Sida Info Service en relayant les résultats d’une étude présentée lors du 30e Congrès sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2023), si la doxyPEP est efficace sur les hommes et les femmes transgenres, elle ne semble pas réduire le risque d’IST chez les femmes cisgenres.
Aux États-Unis, les recommandations officielles d’administration de la doxyPEP devraient rapidement être publiées, d’ici à 2024, ce qui acterait son usage en tant que “pillule du lendemain” contre les IST.