Si les scientifiques ont fait des progrès sur la compréhension de la régénération neuronale, on ne sait toujours pas pourquoi certains neurones parviennent à se reconstituer après une lésion tandis que d'autres ne le peuvent pas. Cependant, des chercheurs de l'École de médecine de l'Université de Californie à San Diego viennent de réaliser une avancée significative dans ce domaine. Ils ont identifié un nouveau biomarqueur qui peut être utilisé pour prédire si les neurones se régénéreront ou non après une blessure.
Neurones : un biomarqueur permet de connaître son potentiel de régénération
"Si vous vous blessez au bras ou à la jambe, les nerfs présents peuvent se régénérer et il est souvent possible de faire une récupération fonctionnelle complète, mais ce n'est pas le cas pour le système nerveux central", explique Hugo Kim, premier auteur de l'étude parue dans la revue Neuron, le 16 octobre 2023. Mais, "il est extrêmement difficile de se remettre de la plupart des lésions du cerveau et de la moelle épinière parce que ces cellules ont une capacité de régénération très limitée".
C'est pourquoi, lors de son expérience sur la régénération neuronale, il a étudié plus précisément les neurones du tractus corticospinal. Il s'agit d'une partie essentielle du système nerveux central impliquée dans le contrôle des mouvements, dont les axones se remettent difficilement d'une blessure. Son équipe a pris ceux de souris atteintes de lésions de la moelle épinière et les a soumis à des techniques moléculaires connues pour favoriser leur régénération. Seulement certaines cellules ont réussi à se reconstituer.
En comparant les données du séquençage de l'ARN unicellulaire des neurones régénérés et des neurones non régénérés, les chercheurs ont pu identifier une "empreinte moléculaire spécifique". Ce biomarqueur, baptisé Regeneration Classifier, permet de déterminer la capacité d'un neurone à se réparer.
Moelle épinière : une avancée possible pour les thérapies régénératrices
La découverte de ce nouveau biomarqueur, capable de prédire la capacité de régénération d'un neurone, pourrait à terme aider les scientifiques à développer des thérapies régénératrices pour les lésions de la moelle épinière et d'autres affections neurologiques. Cependant, il convient de noter que ces travaux sont encore à un stade préliminaire et nécessiteront des études supplémentaires pour valider son utilisation comme outil de diagnostic ou de traitement.
"Il y a encore beaucoup d'obstacles à l'utilisation du séquençage unicellulaire dans des contextes cliniques, tels que le coût élevé, la difficulté à analyser de grandes quantités de données et, surtout, l'accessibilité aux tissus d'intérêt", explique le Pr Binhai Zheng, auteur senior de l'étude dans un communiqué. "Pour l'instant, nous sommes intéressés à explorer comment nous pouvons utiliser le Regeneration Classifier dans des contextes scientifiques pour prédire l'efficacité des nouvelles thérapies régénératrices et aider à rapprocher ces traitements des essais cliniques", conclut-il.