Selon Santé Publique France, environ 2 millions de personnes présentent une affection post-Covid-19 fin 2022. Ce trouble, connu sous le nom de Covid long, se caractérise par des symptômes persistants tels que le brouillard cérébral, la fatigue ou la perte de mémoire plusieurs mois après une infection au SARS-CoV-2. Son origine exacte demeure encore mystérieuse.
Cependant, des chercheurs de l'École de médecine Perelman de l'Université de Pennsylvanie ont récemment fait une avancée significative dans la compréhension des symptômes neurologiques de la maladie : certains patients ont des taux bas de sérotonine.
Covid long : des composants du SARS-CoV-2 dans l'intestin provoquent une inflammation
En étudiant les échantillons de sang et de selles de personnes souffrant du Covid long, les scientifiques ont découvert que des composants du SARS-CoV-2 persistent dans l'intestin de certains d'entre eux. Ces fragments de virus activent le système immunitaire. Ce dernier libère alors des protéines, appelées interférons, pour combattre le virus. Elles provoquent une inflammation qui réduit l'absorption de l'acide aminé tryptophane dans le tractus gastro-intestinal. Or, le tryptophane est un composant de plusieurs neurotransmetteurs, y compris la sérotonine.
"Les chercheurs ont constaté que lorsque l'absorption du tryptophane est réduite par une inflammation virale persistante, la sérotonine est épuisée. (Un taux bas de sérotonine) entraîne une perturbation de la signalisation du nerf vague, ce qui peut à son tour provoquer plusieurs des symptômes associés au Covid long, tels que la perte de mémoire", précise le communiqué de presse de l'établissement américain publié le 16 octobre 2023.
Covid long : un taux de sérotonine bas, biomarqueur de la maladie
"Les médecins traitant des patients atteints de Covid long s'appuient sur les rapports personnels de ces patients pour déterminer si leurs symptômes s'améliorent. Maintenant, nos recherches montrent qu'il existe des biomarqueurs que nous pourrions être en mesure d'utiliser pour offrir aux malades des traitements ou des essais cliniques qui traitent des causes spécifiques de leurs symptômes de Covid long et évaluer plus efficacement leurs progrès", explique la co-auteure principale, la Pr Sara Cherry.
De plus, des tests sur des animaux ont montré que les niveaux de sérotonine pouvaient être rétablis et que les troubles de la mémoire étaient susceptibles d'être inversés grâce à un traitement avec des précurseurs de la sérotonine ou des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Cette découverte ouvre la voie au développement de nouveaux traitements et à l'amélioration du diagnostic du Covid long.
"Le Covid long varie d'un patient à l'autre, et nous ne comprenons pas parfaitement ce qui cause les différences de symptômes", explique le co-auteur principal, Pr Christoph Thaiss dans un communiqué. "Notre étude offre une occasion unique pour des recherches plus approfondies afin de déterminer combien de personnes atteintes du Covid long sont affectées par la voie liant la persistance virale, la carence en sérotonine et le dysfonctionnement du nerf vague et de découvrir des cibles supplémentaires pour les traitements à travers les différents symptômes que les patients ont."