Y a-t-il un lien entre la consommation de soja et le cancer du sein ? La question suscite de vifs débats dans le monde médical. Et pour cause, le soja contient une quantité importante d’isoflavones, des œstrogènes végétaux (ou phytoœstrogènes) qui, selon diverses études, peuvent être des perturbateurs endocriniens et qui, s'ils sont présents à haute dose dans l’organisme, pourraient augmenter les chances de développer certains cancers. Dont celui du sein, premier cancer chez la femme avec plus de 61.000 nouveaux cas en 2023.
Le soja ne contient pas assez d’œstrogènes pour favoriser le cancer du sein
Sauf que... ce n’est pas si sûr, d’après la Dr Dawn Mussallem, spécialiste de l’impact du mode de vie sur la santé à la Mayo Clinic, un célèbre centre de recherche médicale américain. "Cela fait des années que j’essaie de démonter le mythe autour du supposé lien entre soja et cancer du sein. Mais il semblerait que le message soit mal reçu car, presque tous les jours, j’ai des patients qui s’inquiètent de leur consommation de soja", note la médecin dans un communiqué. Sur la base de nouvelles études, qu’elle ne précise pas, elle affirme aujourd’hui que "les produits à base de soja ne contiennent en réalité pas suffisamment d’œstrogènes pour accroître le risque de cancer du sein".
Le soja "bénéfique" après un diagnostic de cancer du sein
Consommé "avec modération", le soja peut même être "bénéfique", d'après la chercheuse. Si la plante a une structure chimique similaire à celle de l'œstrogène humain, elle se lie en effet différemment aux récepteurs des œstrogènes du tissu mammaire, agissant potentiellement comme suppresseur de tumeurs. "La consommation de soja après un diagnostic de cancer du sein est non seulement un excellent moyen d’ingérer des protéines à base de plantes, mais elle permet aussi d’améliorer les résultats" en termes de rémission voire de guérison. Comme l’affirmait déjà une étude de 2017 publiée dans la revue Cancer, "les isoflavones sont capables de ralentir la croissance des cellules cancéreuses en laboratoire".
Toutefois, parce que les études sur le soja sont parfois contradictoires, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande d’éviter la consommation de soja pour les femmes enceintes et les enfants de moins de trois ans. Les autres peuvent en consommer, mais avec parcimonie : pas plus d’un produit à base de soja par jour, pour ne pas dépasser le seuil critique de 1mg d’isoflavones quotidien par kilo de poids corporel.