- Sur 45 % de ces emballages présentant un bébé en train de dormir, l’enfant était endormi en position ventrale ou latérale.
- Sur 51 % d’entre eux, le nourrisson dormait avec des objets mous ou une literie non fixée.
- Sur 10 % des paquets, il partageait son lit avec une autre personne.
En France, 250 à 350 enfants âgés d’un mois à un an, "jusqu’alors bien portant", meurent subitement. Selon Santé publique France, dans les années 1990, une diminution de plus de 75 % du nombre de mort inattendue du nourrisson a été notée après les campagnes nationales "je dors sur le dos" et la publication des conseils autour du couchage. Parmi les gestes déconseillés, on retrouve la position de couchage sur le ventre, le couchage sur une surface molle (oreiller, peluche, édredon, couette, drap de matelas non ajusté, tour de lit) et le partage du lit avec une autre personne (parent, frère, sœur).
Cependant, dans plusieurs pays européens dont la France, "où la prévalence est la plus élevée", les taux d’incidence de la mort subite du nourrisson stagnent ou baissent très faiblement. Une fréquence élevée de pratiques parentales de couchage non conformes aux recommandations a aussi été observée.
Les couches pour bébés de moins de 5 kg, les plus à risque de mort subite
Récemment, une équipe internationale de chercheurs, dont des scientifiques de l’Université Paris Cité, ont mis en garde contre les clichés présents sur les emballages de couches pour bébés qui sont en inadéquation avec les recommandations internationales de couchage sécurisé. Dans le cadre d’une étude, ils ont eu l’idée d’examiner la conformité des images sur les paquets de couches véhiculant des messages de santé implicites ou explicites, car d’après la littérature scientifique, ces dernières se sont montrées efficaces pour modifier de nombreuses pratiques en santé (consommation d’alcool pendant la grossesse, allaitement maternel…).
Pour les besoins des travaux, les auteurs ont identifié tous les emballages de couches, vendues dans onze pays européens, pour nourrissons pesant moins de 5 kg, soit ceux les plus à risque de mort subite, en effectuant des recherches sur Internet entre juillet 2022 et février 2023. Pour chaque type d'emballage, ils ont déterminé s'il y avait une image représentant un bébé, si l’enfant dormait et si la photo du nourrisson endormi était conforme à trois des sept recommandations de prévention de mort subite du nourrisson.
Couchage des bébés : un taux très élevé d’images était non conforme aux recommandations
Selon les résultats, publiés dans la revue The Journal of Pediatrics, les chercheurs ont identifié 631 types de paquets de couches pour bébés, dont 49 % présentaient une image d'un bébé endormi. Les données montrent que 79 % des emballages représentant un enfant endormi, soit 39 % de l’ensemble des paquets, étaient non conformes avec au moins une recommandation de prévention de la mort subite. Dans le détail, sur 45 % de ces emballages, le bébé était endormi en position ventrale ou latérale. Sur 51 % d’entre eux, il dormait avec des objets mous ou une literie non fixée. Sur 10 % des paquets, l’enfant partageait son lit avec une autre personne.
"Nos résultats soulignent qu’il y a un décalage entre les messages qui sont véhiculés sur ces produits du quotidien ou des sites institutionnels, auxquels de nombreux parents sont fortement exposés, et les recommandations pour la prévention de la mort subite. Ces résultats suggèrent la nécessité d’actions de la part des fabricants et des législateurs pour empêcher cette exposition à des images commerciales ou officielles non conformes aux recommandations de prévention de la mort subite du nourrisson afin de prévenir des pratiques de couchage dangereuses", a conclu Martin Chalumeau, auteur de l’étude, épidémiologiste à l’Inserm, professeur à Université Paris Cité et pédiatre à l’AP-HP.