- Les particules fines, avec un diamètre ≤ 2,5 μm, peuvent "provoquer des exacerbations aiguës de l’asthme et une détérioration à long terme de la santé respiratoire", rappellent les chercheurs de l'Université de Stirling.
- Dans leur étude, ils montrent que les données de surveillance en site fixe sont incapables de détecter les changements environnementaux inhérents aux expositions personnelles et donc les potentiels impacts sur la santé.
- Ils ont aussi constaté que les participants n’ont pas toujours utilisé leur inhalateur de secours malgré les symptômes d’une crise d’asthme qui pouvaient pourtant le justifier. "Nous proposons que cela puisse être dû au fait que la pollution de l’air est largement imperceptible par rapport à d’autres déclencheurs."
Éssoufflement, respiration sifflante, sensation d’oppression dans la poitrine… Les crises d’asthme sont plus ou moins violentes et peuvent durer de plusieurs minutes à quelques heures. Et les personnes asthmatiques le savent bien : certains facteurs favorisent les crises comme les allergies, le tabagisme, les produits chimiques ou encore la pollution de l’air. C’est sur ce dernier déclencheur que les chercheurs de l’Université de Stirling en Écosse se sont penchés. “Les PM 2,5 (particules fines ≤ 2,5 μm de diamètre) sont un polluant clé qui peut provoquer des exacerbations aiguës de l’asthme et une détérioration à long terme de la santé respiratoire”, rappellent-ils en préambule de leur étude publiée dans la revue Sciences sociales et médecine. En effet, ces particules fines sont particulièrement dangereuses pour l'organisme car elles peuvent pénétrer dans les ramifications profondes des voies respiratoires (au niveau des alvéoles pulmonaires), et même atteindre la circulation sanguine.
“Les méthodes actuelles de surveillance de la qualité de l’air sont inadéquates pour détecter les impacts aigus sur la santé”
“Le cas largement médiatisé d’Ella Kissi-Debrah a mis en évidence l’impact critique de la pollution de l'air sur la santé, rappelle Amy McCarron, la chercheuse qui a dirigé ces travaux. Dans notre recherche, nous préconisons l’incorporation de la surveillance de l'exposition personnelle dans la gestion de la santé liée à l'asthme.” Ella Kissi-Debrah est célèbre car elle est devenue la première personne pour qui la pollution de l’air a été officiellement reconnue comme cause de la mort sur son certificat de décès, après décision de justice en 2020. Cette jeune londonienne était décédée en 2013 à l’âge de 9 ans des suites d'une sévère crise d'asthme, et après de nombreuses autres qui lui avaient valu 27 hospitalisations en trois ans.
Cette reconnaissance fut donc une avancée majeure, certes, mais qu’en est-il aujourd’hui pour les personnes asthmatiques ? Les chercheurs de l’Université écossaise de Stirling affirment que “les méthodes actuelles de surveillance de la qualité de l’air sont inadéquates pour détecter les impacts aigus sur la santé” de la pollution aux particules fines. Ils le montrent à travers cette nouvelle étude.
28 personnes asthmatiques et non fumeuses ont participé à cette expérience menée en Écosse. À la maison, lors des déplacements, au travail, chacune d’entre elles devait porter un moniteur portable pendant une semaine, afin de mesurer en temps réel la qualité de l’air. Ces participants tenaient en parallèle un journal personnel afin de noter leurs activités, leurs symptômes asthmatiques et l’utilisation ou non d’un inhalateur de secours. Grâce à cela, les chercheurs ont pu évaluer l’exposition à la pollution atmosphérique par rapport aux symptômes autodéclarés.
“Les résultats de cette étude ont révélé des associations positives significatives entre l’exposition personnelle aux PM 2,5 dans la même heure et avec un décalage d’une heure” et une prévalence accrue des symptômes de l'asthme. Elle montre également que "les données de surveillance en site fixe à haute résolution temporelle sont incapables de détecter les changements environnementaux aigus inhérents aux expositions personnelles et leurs impacts sur la santé liée à l'asthme". Les personnes asthmatiques auraient donc un intérêt à mesurer elles-mêmes la qualité de l'air qui les entoure afin de savoir si leur environnement est susceptible de leur déclencher une crise.
Asthmes et particules fines : “une plus grande sensibilisation est nécessaire”
Autre fait intéressant constaté par les scientifiques : les participants n’ont pas toujours utilisé leur inhalateur de secours malgré les symptômes d’une crise d’asthme qui pouvaient pourtant le justifier. “Nous pensons que l’absence d'association entre l’exposition à la pollution atmosphérique et l’utilisation d’inhalateurs de secours est importante. Nous proposons que cela puisse être dû au fait que la pollution de l’air est largement imperceptible par rapport à d’autres déclencheurs et, par conséquent, les gens n’utilisent pas leurs inhalateurs pour soulager les symptômes de l’asthme déclenchés par l’exposition à la pollution atmosphérique.”
Les auteurs estiment qu’une “plus grande sensibilisation à la pollution de l’air en tant que déclencheur de l’asthme est nécessaire” au sein de la population. “Cette étude démontre le rôle important de la surveillance de l'exposition personnelle et de l'autosurveillance de l'asthme dans le suivi de la façon dont la pollution de l’air affecte la santé liée à l'asthme”, a quant à elle déclaré Amy McCarron.
En France, "la valeur cible pour la protection de la santé humaine" est à 20 microgrammes de PM2,5 par mètre cube. Ce seuil devrait passer à 10 µg/m³ au niveau européen d'ici à 2030, un niveau qui reste tout de même deux fois plus élevé que celui fixé par l'Organisation mondiale de la Santé (5 μg/m3).