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Psychiatrie

Trouble bipolaire : un test sanguin permet de diagnostiquer la maladie

Par Chloé Savellon

Des chercheurs britanniques ont mis au point un test sanguin pour identifier les biomarqueurs associés à cette pathologie psychique chronique.

Md Saiful Islam Khan/iStock
Un test sanguin permet d’identifier les biomarqueurs liés au trouble bipolaire, qui sont principalement corrélés avec les symptômes de manie.
Ce dernier peut diagnostiquer jusqu'à 30 % des personnes touchées par cette maladie psychiatrique, qui est difficile à déceler.
Cependant, le test est encore plus efficace lorsqu'il est associé à une évaluation de la santé mentale des patients.

"Le trouble bipolaire est souvent diagnostiqué à tort comme un trouble dépressif majeur", a indiqué le Dr Jakub Tomasik, du département de génie chimique et de biotechnologie de Cambridge. "Cependant, les deux pathologies doivent être traitées différemment : si une personne atteinte de trouble bipolaire se voit prescrire des antidépresseurs sans y ajouter un stabilisateur d'humeur, cela peut déclencher un épisode maniaque", a ajouté Sabine Bahn, professeure à l’université de Cambridge.

Le moyen le plus efficace d'obtenir un diagnostic précis du trouble bipolaire est de procéder à une évaluation psychiatrique complète. Cependant, les patients sont souvent confrontés à de longues attentes pour obtenir ces examens, qui prennent du temps à réaliser. C’est pourquoi les scientifiques britanniques ont décidé de mettre au point un test sanguin pour détecter cette maladie psychiatrique chronique, ce qui pourrait éviter un grand nombre d'erreurs de diagnostic.

Bipolarité : un questionnaire en ligne sur la santé mentale et un échantillon de sang séché

Pour tester l’efficacité de leur outil, l’équipe a utilisé des échantillons et des données de l'étude Delta, menée au Royaume-Uni entre le 27 avril 2018 et le 6 février 2020. Au total, plus de 3.000 personnes ont été recrutées et ont dû répondre à une évaluation de la santé mentale en ligne, comprenant plus de 600 questions (les épisodes dépressifs, l'anxiété, les symptômes de manie, les antécédents familiaux ou l'abus de substances psychoactives). L’objectif des chercheurs était d'identifier le trouble bipolaire chez les patients ayant un diagnostic récent (au cours des 5 dernières années) de trouble dépressif majeur et de symptômes dépressifs.

Parmi les participants qui ont rempli l'évaluation en ligne, environ 1.000 ont été sélectionnés pour envoyer un échantillon de sang séché provenant d'une simple piqûre au doigt. Ensuite, les scientifiques ont examiné plus de 600 métabolites différents. Après plusieurs analyses, 241 adultes ont été inclus dans l'étude.

Trouble bipolaire : le test sanguin peut à lui seul diagnostiquer jusqu'à 30 % des patients

Selon les résultats, publiés dans la revue JAMA Psychiatry, 67 volontaires ont reçu un diagnostic de trouble bipolaire et 174 ont été confirmés comme souffrant de trouble dépressif majeur. Les auteurs ont découvert un signal de biomarqueur significatif pour le trouble bipolaire, même après prise en compte de facteurs, tels que les médicaments. Les biomarqueurs identifiés ont été corrélés principalement avec les symptômes de manie et ont été validés dans un groupe différent de patients ayant reçu un nouveau diagnostic de trouble dépressif majeur ou de trouble bipolaire au cours de la période de suivi d'un an de l'étude.

Les données ont montré que le test sanguin peut à lui seul diagnostiquer jusqu'à 30 % des patients touchés par un trouble bipolaire. L’équipe a ainsi estimé que la combinaison des informations rapportées par les patients et du test des biomarqueurs améliorait de manière significative les résultats du diagnostic pour les adultes souffrant de trouble bipolaire, en particulier dans les cas où le diagnostic n'était pas évident.

"Il est important que les patients sachent que ce n'est pas dans leur tête"

"Nous avons constaté que certains patients préféraient le test du biomarqueur, parce qu'il s'agissait d'un résultat objectif qu'ils pouvaient voir. La maladie mentale a une base biologique et il est important que les patients sachent que ce n'est pas dans leur tête. C'est une maladie qui affecte le corps comme n'importe quelle autre. (…) Outre les capacités de diagnostic des biomarqueurs, ceux-ci pourraient également être utilisés pour identifier des cibles médicamenteuses potentielles pour les troubles de l'humeur, ce qui pourrait conduire à de meilleurs traitements", ont conclu Jakub Tomasik et Sabine Bahn dans un communiqué.