- Les nématodes exposés à un composé odorant sécrété par des bactéries pathogènes ont une durée de vie plus longue.
- L’odeur active un circuit neuronal pour se protéger des substances nocives.
- L’activation de ce circuit contribue à augmenter l’espérance de vie.
Et si l’odorat et l’espérance de vie étaient liés ? C’est ce que peut laisser supposer une nouvelle étude sur des vers ronds appelés nématodes, publiée dans la revue Nature Aging. Les scientifiques ont montré que les invertébrés qui étaient exposés à un composé odorant sécrété par les bactéries pathogènes - Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus -, avaient une durée de vie plus longue.
Face aux odeurs de substances nocives, l’organisme se protège
Lors de leurs expériences, les scientifiques ont placé les nématodes sur des plaques différentes de celles contenant les substances nocives pour démontrer que ce n'était pas le contact direct entre les vers et les molécules odorantes sécrétées par les bactéries pathogènes, qui provoquait les réactions de l'organisme, mais bien leur odeur.
Résultat : l'essai est concluant en effet. Les nématodes exposés à la substance odorante sécrétée par différentes bactéries pathogènes - reculaient et l’évitaient physiquement, pour s’en protéger. Cela signifie qu’instinctivement, ils percevaient le danger. De plus, un circuit neuronal a induit une réponse dans d'autres tissus du ver.
Espérance de vie : un lien entre odorat et longévité
Autre découverte : les nématodes exposés à la molécule odorante avaient vécu plus longtemps comparativement à ceux qui n’avaient eu aucun contact avec celle-ci. Les chercheurs ont déterminé que le lien entre une mauvaise odeur et l’espérance de vie vient de l’activation du circuit neuronal chargé de l'évitement des substances nocives. Autrement dit, il contribue à augmenter l’espérance de vie.
Les scientifiques ont observé en effet que la réponse de l’organisme comprend également un traitement plus efficace des protéines toxiques et un contrôle de l'agrégation de celles-ci. Or, l’accumulation de ces protéines est connu comme un phénomène biologique à l’origine des maladies neurodégénératives comme Parkinson, Huntington et Alzheimer chez les humains.
“Ils [les nématodes] peuvent détecter le danger dans l’environnement par l’odorat et réagir aux bactéries pathogènes avant même de les localiser, explique Evandro Araújo de Souza, principal auteur de l’étude, dans un communiqué. L'odeur empêche également l'agrégation des protéines impliquées dans la maladie, prolongeant potentiellement leur durée de vie.”
Les cellules et les gènes des nématodes ont, pour beaucoup, des ressemblances et des fonctions similaires à celles des humains. “Ces résultats suggèrent que la manipulation des perceptions des substances chimiques pourrait un jour être une voie d’intervention contre les maladies neurodégénératives et liées à l’âge, indique Rebecca Taylor, qui a participé à l’étude. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si des voies et mécanismes (...) fonctionnent également chez l'homme.”