Une étude, réalisée au Texas et parue dans the Journal of Minimally Invasive Gynecology, a révélé qu’il existait des complications plus importantes pendant et après une hystérectomie chez les femmes ayant une endométriose sous-jacente.
L’endométriose est une maladie chronique qui correspond au développement de tissus semblables à la muqueuse utérine mais en dehors de l’utérus. Elle touche 1 femme sur 10, soit près de 10 % des femmes au niveau mondial, donc 190.000 millions de personnes.
L’hystérectomie, ou ablation de l’utérus, est une opération chirurgicale qui consiste à retirer l’utérus. Elle peut avoir lieu pour différentes raisons médicales comme l’existence de fibromes responsables de douleurs, gêne et saignements invalidants, un cancer, une descente d’organe (prolapsus), etc.
Endométriose : un risque de complications plus élevé après hystérectomie
Les chercheurs ont utilisé les données de l'American College of Surgeons National Surgical Quality Improvement Program (ACS NSQIP). Cette base de données est alimentée par plus de 700 hôpitaux américains. Elle contient des informations qui concernent les périodes avant l’opération (préopératoires), pendant l’opération (peropératoires) et 30 jours après l’opération (postopératoires) pour des patientes ayant subi des interventions chirurgicales en ambulatoire et en hospitalisation.
Parmi les chirurgies retenues, 127.556 hystérectomies, effectuées pour des raisons autres qu’un cancer, ont été identifiées entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2019. Et parmi elles, 19.618 (15,4 % environ) étaient associées à une endométriose diagnostiquée avant ou pendant la chirurgie.
Après avoir comparé les éléments des patientes atteintes d’endométriose et de celles n’en n’ayant pas, il est apparu que le nombre de complications postopératoires était supérieur d'environ 1,8 % (9,9 % contre 8,1 %). Cette augmentation est modeste mais significative. Le type de complications observées allait des complications mineures (infections urinaires et des incisions) à celles majeures (septicémie, transfusions sanguines et réadmissions post-opératoires). En revanche, il n’y avait pas de différences significatives pour la mortalité à 30 jours et les ré-opérations.
Endométriose : des chirurgies souvent plus longues
Il apparaît également que les interventions chirurgicales sur des femmes atteintes d'endométriose étaient généralement plus longues. En outre, elles nécessitent bien souvent la réalisation d'autres interventions chirurgicales au moment de leur hystérectomie, notamment des opérations visant à éliminer les adhérences causées par le tissu endométriosique, des chirurgies gastro-intestinales comme des appendicectomies ou des résections intestinales, et des chirurgies affectant les structures situées autour de l'utérus (ovaires, trompes de Fallope et ligaments du plancher pelvien).
Endométriose : un terrain à risque pour le chirurgien
Selon la responsable de l'étude, Kimberly Kho, professeure d'obstétrique et de gynécologie, et directrice de l'association de chirurgie gynécologique mini-invasive à l'UT Southwestern : "Cette étude confirme ce que beaucoup d'entre nous, en gynécologie et en chirurgie, savaient mais avaient besoin d'un grand nombre de cas chirurgicaux pour le confirmer : les patientes atteintes d'endométriose courent un risque accru de complications si elles subissent une hystérectomie".
Elle précise également que "ces données confirment la nécessité de disposer d'outils de diagnostic préopératoire permettant d'anticiper et de planifier les interventions chirurgicales complexes liées à l'endométriose, afin que ni les patients ni les chirurgiens ne soient surpris ou pris au dépourvu par la complexité d'une intervention lorsqu'ils se trouvent dans la salle d'opération".