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Deux associations de greffés mobilisées

Greffe rénale : des patients privés d’un traitement innovant

Par Melanie Gomez

Deux associations de patients dénoncent dans une lettre ouverte à Marisol Touraine le refus de prise en charge d’un nouveau traitement antirejet. Il permet d’allonger la durée de vie des greffons.  

Shari Lewis/AP/SIPA
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« Cette molécule, d’ores et déjà prise en charge par la plupart de nos voisins européens ainsi qu’aux Etats Unis, représente un réel espoir pour les personnes greffées du rein : celui d’une greffe qui marche mieux, plus longtemps, avec moins d’effets secondaires que les médicaments actuels (toxicité rénale, hypertension, diabète, complication cardiovasculaire, ect…). » C’est le message que tentent de faire passer aujourd’hui deux associations de patients dans une lettre ouverte adressée à la Ministre de la santé. Dans ce courrier, l’association Renaloo et la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (FNAIR) dénoncent le refus de prise en charge du belatacept par les autorités. Un nouveau médicament antirejet qui permettrait notamment d’allonger de deux ans en moyenne la durée de vie des reins transplantés.

 

Une perte de chance selon les associations de patients

Selon ces deux associations, le betalacept a déjà prouvé son efficacité en prévention du rejet de greffe. Des études scientifiques avec un recul de cinq ans auraient en effet montré les avantages de cette molécule par rapport à d’autres communément utilisées. « Le belatacept est neutre sur le plan métabolique et vasculaire et réduit donc très sensiblement la survenue de ces complications, améliorant singulièrement le pronostic mais aussi la qualité de vie des patients, » précisent les associations dans un communiqué. Par ailleurs, le bélatacept permettrait une amélioration de l’ordre de 15% à 30% de la fonction des reins greffés par rapport aux inhibiteurs de la calcineurine, des médicaments prescrits actuellement.

 

Ecoutez Yvanie Caillé, directrice de l’association Renaloo : « Ces essais montrent que ce médicament améliore la fonction des reins greffés sans présenter les effets secondaires de la plupart des traitements actuels. »

 

De nombreux médecins soutiennent l’action des associations

« C’est catastrophique et alarmant de ne pas pouvoir disposer de cette innovation en France, a déclaré à l’APM le Pr Antoine Durrbach de l’hôpital Bicêtre au Kremlin Bicêtre. On l’utilise comme d’autres, partiellement, dans des cas exceptionnels, quand on a plus d’autre traitement, en sauvetage ». La société française de transplantation (SFT) a par ailleurs adressé début 2013 un courrier aux autorités de santé pour expliquer en quoi ce médicament était important, en vain. D’après les spécialistes, cette molécule pourrait être utile à terme chez 20 à 60% des patients greffés.

 

Ecoutez Yvanie Caillé : « Notamment pour les patients dont le greffon montre des signes de faiblesse c’est une perte de chance. Chez certains, ça leur permettrait d’éviter la dialyse à court terme. »

 

Un médicament stratégique au plan collectif

Allonger la fonction des greffons grâce au belatacept aurait également des conséquences sur le plan collectif. La mise à disposition de ce médicament permettrait d’une part de lutter contre la pénurie d’organes en France. En effet, 25% des patients en attente de greffe sont en réalité en attente d’une re-transplantation. Mais, les patients greffés pointent également du doigt un avantage médico-économique. Le betalacept permettrait d’économiser 70 000 euros pour chaque patient pris en charge sur 15 ans, le tout pour une qualité des soins améliorée.

 

Ecoutez Yvanie Caillé : « Annuellement le médicament coûte 3000 euros de plus par patient, cependant avec 2 années de plus de fonction rénale, c’est 2 années de dialyse en moins, et un an de dialyse coûte environ 80 000 euros. »

 

Renaloo et la FNAIR demandent donc instamment à Marisol Touraine, de revenir sur cette décision, qui prive les patients d’une réelle innovation et est à l’origine d’importantes pertes de chances.