Le respect du droit à l’intimité est-il compatible avec la transparence exigée des politiques qui nous gouvernent ? Depuis François Mitterrand, cette question s’est posée à maintes reprises. Sur le terrain conjugal, d’abord, la plupart des chefs de l’Etat ont ouvert les portes de leur chambre à coucher de manière volontaire ou subie.
Mais il est un domaine encore plus délicat dans lequel les présidents ont dû réaliser des numéros d’équilibriste. Ce n’est que bien après son élection de 1981 que les Français ont appris que celui qu’ils avaient choisi était atteint d’un cancer de la prostate.
France Info nous apprend ce matin que François Hollande a été opéré de la prostate en février 2011, quelques semaines avant sa candidature à la primaire socialiste. « Une opération bénigne sans conséquence et sans suivi médical », commente aujourd’hui l’Elysée.
De manière plus précise, il aurait effectué un séjour en deux temps à l’hôpital Cochin : « des examens ambulatoires qui lui ont permis de poursuivre ses nombreux déplacements dans un premier temps, puis l'opération en tant que telle. François Hollande a dû être hospitalisé pendant une semaine », précise la radio d’information.
Aucune trace de cet épisode dans l’agenda de l’époque, aucun indication donnée par le candidat lors de ses déclarations sur son état de santé au moment de la bataille pour la primaire.
Alors, le Président a-t-il failli à cette règle de la transparence qu’il s’était lui-même imposée ? Son silence sonne-t-il comme un mensonge ? Le respect du secret médical est-il piétiné ? Son entourage précise au journaliste de France Info que « cette opération n'avait pas à figurer dans les bulletins de santé présidentielle, car il n'y a pas de contre-indication à l'exercice du pouvoir ».
Nul doute que cette appréciation sera largement commentée dans les jours à venir. Mais une chose est sûre. Si les deux précédents bulletins de santé officiels de François Hollande (juin 2012 et mars 2013) ne révélaient rien d’anormal, le prochain (été 2014) devra faire état de cet aspect de sa santé. A moins que le chef de l'Etat ne décide de s'expliquer avant. Il ne lui aura pas échappé que l'opinion a été sidérée par le mensonge de l'autre François.