- Une équipe de l’Institut Pasteur et de l'Université Paris Cité a démontré que certains variants ont la capacité d'infecter le système nerveux central.
- Ils sont aussi capables de se déplacer dans le cerveau grâce aux axones.
- Les chercheurs prévoient de poursuivre leurs travaux pour déterminer si le virus persiste dans le cerveau après la phase aiguë de l’infection et peut être responsable des symptômes du covid long.
La Covid-19 présente un tableau clinique assez important. Les symptômes neurologiques ont particulièrement évolué au fil des mois et de l’apparition des variants. “Si au début de la pandémie de Covid-19, l’anosmie était identifiée comme l’un des symptômes caractéristiques d’une infection, ce même symptôme s’est trouvé moins fréquent avec les infections au variant Omicron/BA.1”, remarquent les chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Université Paris Cité. Ils ont voulu déterminer si la variabilité des symptômes était liée à une “affinité” du SARS-CoV-2 pour le système nerveux. Les travaux qu’ils ont menés et présentés dans la revue Nature Communications confirment que plusieurs variants ont la capacité d’infecter le système nerveux central.
Covid-19 : plusieurs variants infectent le cerveau
Lors de leurs expériences, les scientifiques ont étudié comment plusieurs souches du SARS-CoV-2 (la souche originale du virus détectée à Wuhan et les variants Gamma, Delta et Omicron/BA.1) atteignaient le système nerveux central et infectaient les bulbes olfactifs (structure située dans la boîte crânienne gérant les informations olfactives). "Dans cette étude, nous montrons que l’infection des bulbes olfactifs est systématique et n’est pas liée à un variant en particulier, ni à une manifestation clinique en particulier, comme la perte d’odorat par exemple.", précise Guilherme Dias de Melo, premier auteur de l’étude et chercheur dans l’unité Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie à l’Institut Pasteur dans un communiqué.
L’équipe a aussi identifié dans le virus ancestral (Wuhan), une séquence génétique liée à l’anosmie. Lorsque cette dernière n’était pas présente chez les variants, l'incidence de la perte d'olfaction chez des animaux infectés était réduite, mais pas la propagation du virus via les bulbes olfactifs. "Cela tend à prouver que l’anosmie et l’infection des neurones sont deux phénomènes décorrélés", indique Guilherme Dias de Melo. "Il est tout à fait possible, si on suit ce raisonnement, qu’une infection même asymptomatique – et donc bénigne cliniquement – soit caractérisée par une diffusion du virus dans le système nerveux."
Covid-19 : comment les variants peuvent se déplacer dans le cerveau ?
Mais comment le SARS-CoV-2 parvient à atteindre les bulbes olfactifs ? Grâce à une étude de neurones humains in vitro, les chercheurs ont constaté que le virus est capable de se déplacer dans les deux directions d’axone (prolongement de la cellule, qui conduit le signal électrique jusqu’à la cellule suivante) une fois qu’il est à l’intérieur du neurone. Ainsi, il est susceptible d’aller du corps cellulaire vers les terminaisons de l’axone et inversement. "Le virus semble exploiter efficacement les mécanismes physiologiques du neurone pour se déplacer dans les deux sens. Les variants du SARS-CoV-2 que nous avons étudiés - le variant ancestral Wuhan, Gamma, Delta et Omicron/BA.1 - infectent les neurones in vitro et sont capables de se déplacer le long des axones.", explique l’équipe.
Hervé Bourhy, dernier auteur de l’étude et responsable de l’unité Lyssavirus, épidémiologie et neuropathologie à l’Institut Pasteur, ajoute "la prochaine étape sera de comprendre, chez le modèle animal, si le virus est capable de persister dans le cerveau au-delà de la phase aiguë de l’infection et si la présence du virus peut induire une inflammation persistante et occasionner les symptômes persistants décrits dans les cas de Covid long, comme l’anxiété, la dépression et le brouillard cérébral".