L’appendice iléo-cæcal, plus communément appelé appendice, est une petite excroissance située au niveau du gros intestin. Sa fonction au sein de l’organisme restait, jusqu’à présent, toujours assez mystérieuse. Une équipe de recherche de l’Inserm, du CNRS, du Muséum national d’Histoire naturelle, de l’Université de Rennes, de Sorbonne Université et du centre Eugène Marquis a fait une découverte intéressante en étudiant des primates disposant également de cette structure : elle pourrait avoir un effet protecteur contre les diarrhées infectieuses.
Appendice : son rôle protecteur contre les diarrhées mis en lumière
Après avoir remarqué lors de précédents travaux que les mammifères ayant un appendice présentaient une longévité supérieure à ceux n’en possédant pas, l’équipe de chercheurs français s’est demandée comment l’organe pouvait affecter la fréquence et la gravité des diarrhées.
Les scientifiques ont examiné les dossiers vétérinaires de 1.251 primates de 45 espèces différentes (13 possédaient un appendice comme le gorille, 32 n’en avaient pas comme le gélada). La moitié de ces animaux a souffert d’au moins un épisode de diarrhée au cours des 20 ans de suivi, avec 13 % des crises pouvant être qualifiées de "sévères".
"Chez les primates présentant un appendice, la fréquence des épisodes de diarrhées était largement plus faible (environ – 85 %) que chez ceux n’en présentant pas. Les cas de diarrhées sévères étaient également beaucoup moins fréquents, en particulier durant le premier quart de vie lorsque le risque est le plus élevé (ce risque décroît ensuite progressivement tout au long de la vie.)", précise l’Inserm dans un communiqué paru le 30 octobre 2023.
Les singes ayant un appendice, développaient ces troubles digestifs plus tardivement que les autres. Par ailleurs, aucun d’entre eux n’a été diagnostiqué d’une appendicite aiguë durant les 20 ans de suivi.
"Ces résultats appuient l’hypothèse du rôle protecteur de l’appendice iléo-cæcal contre la diarrhée infectieuse chez les primates", commente Jérémie Bardin, co-premier auteur de l’étude. "L’observation d’un effet protecteur particulièrement important durant la première partie de la vie, période la plus vulnérable aux diarrhées sévères, mais aussi la plus optimale en matière de capacités reproductives, plaide en faveur d’un rôle davantage sélectif dans l’évolution", ajoute Éric Ogier-Denis, directeur de recherche Inserm au sein de l’unité Oncogenèse, stress et signalisation qui a dirigé l’étude avec Michel Laurin, directeur de recherche CNRS au Centre de recherche en paléontologie – Paris.
Appendice iléo-cæcal : une réflexion sur l’appendicectomie ?
La mortalité liée aux diarrhées infectieuses a été identifiée comme la seconde cause de mortalité chez les enfants humains entre 1 mois et 5 ans en 2015. Ainsi pour les chercheurs, leur découverte - si elle est confirmée et approfondie par d’autres travaux - pourrait conduire à avoir une réflexion sur notre propre appendice.
"Si la fonction de l'appendice chez l'homme est la même que chez les autres primates, la protection conférée par l'appendice contre la diarrhée compense plus que le risque de développer une appendicite mortelle", écrivent les auteurs dans leur article paru dans la revue Scientific Reports fin septembre.