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Alcoolisme

Gueule de bois : on connaît l'origine des maux de tête après avoir trop bu

Les chercheurs sont parvenus à comprendre les mécanismes en jeu qui entraînent des maux de tête après l'abus d'alcool.

Gueule de bois : on connaît l'origine des maux de tête après avoir trop bu SeventyFour /istock




L'ESSENTIEL
  • Environ 283 millions de personnes dans le monde souffrent d'un trouble lié à l'abus d'alcool.
  • Des chercheurs ont découvert que la responsable des maux de tête lors du sevrage est une hormone de stress, appelée facteur de libération de corticotropine (CRF). Ces dernières activent les mastocytes présents dans la dure-mère.
  • Le CRF se lie à un récepteur mastocytaire spécifique, appelé MrgprB2. Par un effet domino, cela déclenche des signaux de douleurs responsables des maux de tête.

Après une soirée trop arrosée, on se réveille le plus souvent avec un mal de tête important. Et beaucoup pensent qu'il faut soigner le mal par le mal, et reprendre un verre pour soulager. Et en effet, ce phénomène a été observé par les scientifiques. "Les gens savent qu'après avoir bu, l'alcool réduira en fait le mal de tête", explique Pr Yu Shin Kim, chercheur en neurosciences d'University of Texas Health Science Center at San Antonio. "Cela devient un cercle vicieux. C'est ainsi qu'ils développent une dépendance à l'alcool", déplore-t-il dans un communiqué.

Le chercheur a ainsi voulu mieux comprendre l'origine de ce lien entre l'alcool et les maux de tête.

Alcool : une hormone du stress libérée lors du sevrage

Avec son équipe, le scientifique texan est parvenu a révélé les mécanismes responsables des maux de tête liées à l'abus d'alcool. Une hormone du stress, appelée facteur de libération de la corticotropine (CRF), active les cellules immunitaires mastocytes dans la dure-mère. Il s'agit de la membrane fibreuse qui tapisse la cavité intérieure du crâne. De plus, l'hormone libérée se lie à un récepteur spécifique des mastocytes, appelé MrgprB2.

"Après le sevrage alcoolique, l'hormone du stress CRF est libérée de l'hypothalamus, une région du cerveau qui contrôle de nombreuses fonctions", précise le Pr Kim. "Le CRF se déplace à travers les vaisseaux sanguins périphériques jusqu'à la dure-mère, où il est libéré des vaisseaux et se lie à MrgprB2. Cela signale aux mastocytes de libérer et de sécréter des messagers chimiques qui induisent des fonctions telles que la dilatation des vaisseaux sanguins."

L'expert poursuit : "Cela active également les fibres nerveuses périphériques qui s'étendent à partir des neurones ganglionnaires du trijumeau, qui sont des neurones sensoriels. C'est ainsi que ces neurones sont sensibilisés et qu'une personne a des maux de tête de sevrage de l'alcool."

Ce processus envoie des signaux de douleurs, provoquant des maux de tête. Ces derniers sont stoppés lorsque de l'alcool est à nouveau consommé.

Facteur de libération de la corticotropine : vers un traitement facilitant le sevrage ?

La mise en lumière des mécanismes sous-jacents aux maux de tête liés à l'abus de l'alcool, présentée dans la revue Cell, est particulièrement prometteuse selon les chercheurs. Pour eux, cette découverte pourrait aider au développement de nouveaux traitements interférant avec la liaison entre le CRF et le récepteur MrgprB2 pour réduire les signaux de douleur pendant le sevrage de l'alcool, et ainsi éviter les rechutes.

Ils ajoutent que leurs travaux pourraient aussi bénéficier à d'autres études sur les troubles liés à la consommation de différentes substances addictives et la désintoxication.

L'alcoolisme est un problème majeur de santé publique à l'échelle mondiale. Environ 283 millions de personnes souffrent de ce trouble, qui peut entraîner de nombreux problèmes de santé physique et mentale (cancer, cirrhose, troubles cognitifs, polynévrite alcoolique...).

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