- La dépression du nourrisson, appelée également "hospitalisme", est encore mal connue.
- Outre les nourrissons, "la dépression touche aussi environ 3 % des jeunes de 3 à 17 ans, même si elle apparaît le plus souvent vers l’âge de 10 à 12 ans", explique le psychothérapeute Pierre Nantas.
- Le spécialiste de la santé mentale nous explique les symptômes et les origines de ces deux pathologies.
"La dépression n’épargne personne. Tandis que le pourcentage d’adolescents déprimés augmente chaque année en France avec les conséquences dramatiques que l’on connaît, celui des enfants de 5 à 13 ans inquiète aujourd’hui les spécialistes de la santé mentale. Mêmes les nourrissons peuvent en être victimes", explique le psychothérapeute Pierre Nantas.
Symptômes et origines de la dépression du nourrisson
La dépression du nourrisson, appelée également "hospitalisme", est encore mal connue. "Il en effet difficile de s’imaginer qu’un enfant qui vient de naître puisse développer une maladie dérégulant son humeur", concède le spécialiste.
La dépression du nourrisson a été conceptualisée pour la première fois en 1946 par le psychanalyste René Spitz. Pour ce chercheur, l'enfant qui en est victime passe par différentes étapes : le premier mois, il pleure, crie et cherche le contact. Le deuxième mois, il dort mal, perd du poids et sa croissance ralentit. Le troisième mois, il semble détaché, indifférent et ne témoigne plus aucun intérêt, ni pour les personnes ni pour le monde extérieur.
"De manière générale, la dépression du nourrisson s’exprime par des comportements de balancements et de rythmies. Anorexie et régurgitations sont aussi des indicateurs de désarroi du bébé face à une mère déprimée", complète Pierre Nantas.
Le placement en foyer, la précarité, les familles nombreuses ou mono parentales, la violence intrafamiliale, l’alcoolisme, la pathologie mentale d'un ou des deux parents et la maltraitance peuvent être les déclencheurs d’une dépression du nourrisson.
Symptômes et origines de la dépression de l'enfant
Outre les nourrissons, "la dépression touche aussi environ 3 % des jeunes de 3 à 17 ans, même si elle apparaît le plus souvent vers l’âge de 10 à 12 ans", poursuit Pierre Nantas.
Il existe plusieurs causes pouvant mener à une dépression chez un enfant. Elles peuvent être :
- génétique, quand un des deux parents biologiques a ou a eu des troubles de santé mentale (particulièrement la dépression et la maladie bipolaire) ;
- physique, quand un enfant vit avec une condition médicale particulière ou une maladie chronique ;
- familiale, quand il y a notamment un sentiment de honte en relation avec des sévices physiques ou sexuels, ou quand l’enfant est témoin de violences intra familiales, de divorce, de séparation, d’aliénation parentale ou encore de négligence ;
- sociétale, quand l’enfant subit par exemple l’échec, le rejet, l’isolement, l’intimidation, le harcèlement ou l’indifférence de ses proches ;
- traumatique, quand l’enfant doit par exemple affronter le deuil d’un proche, la maladie d’un parent, la perte d’un animal de compagnie, un déménagement, un changement d’école ou de garderie, etc.
"Les tout jeunes enfants (3 à 5 ans) comprennent moins les émotions et arrivent encore mal à les exprimer, alors ils font des crises de larmes ou de colère pour signifier leur mal-être psychologique", décrit le psychothérapeute.
A partir de 7 ans, les symptômes de la dépression sont plus perceptibles par les proches. Ils comprennent :
- un sentiment de tristesse persistant ;
- une irritabilité anormale ;
- des douleurs physiques, comme des maux de ventre ou de tête ;
- un sommeil perturbé ;
- une perte d’appétit ou de poids (l’enfant ne suit plus sa courbe de croissance) ou des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie) ;
- un faible niveau d’énergie ;
- un isolement fréquent ou constant de l’enfant vis-à-vis de son environnement familial ou scolaire ;
- une perte d’intérêt pour le jeu, les passe-temps ou les autres activités ;
- des changements observés à l’école ou à la garderie (dans le comportement, les habitudes ou les résultats scolaires) ;
- une faible estime de soi.
Que faire en cas de dépression de l'enfant ou du nourrisson ?
"Les parents ou les éducateurs ont un rôle à jouer pour favoriser le bien-être de l’enfant et pour lui donner une bonne structure au quotidien", rappelle notre expert. "Si votre enfant est en difficulté psychologique, soyez présent, disponible et accordez-lui un intérêt authentique. Soyez empathique et montrez-lui que vous comprenez ses émotions", conseille encore Pierre Nantas.
Si les symptômes cités dans cet article se manifestent durablement, consultez un professionnel de santé, de préférence un pédiatre ou un pédopsychiatre.