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Neurologie

Evanouissement : ce qu’il se passe réellement dans le corps

Par Diane Cacciarella

Des chercheurs ont découvert que lors d'un évanouissement, les échanges d’informations entre le corps et le cerveau vont dans les deux sens, alors que jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que le seul maître d'orchestre était le cerveau.

AndreyPopov/iStock
Des chercheurs ont découvert les neurones impliqués dans l’évanouissement d’une personne : les neurones sensoriels vagaux.
Quand ils sont retirés des souris, elles ne s’évanouissent plus.
Les chercheurs ont aussi découvert que, lorsqu’une personne s’évanouit, le corps envoie des signaux au cerveau et inversement.

Émotion, position verticale prolongée, se lever brusquement, la prise de certains médicaments… Il y a différentes causes à un évanouissement selon le Manuel MSD. Mais que se passe-t-il réellement dans le corps d’une personne perd connaissance ? Des chercheurs de l’University of California San Diego, du Scripps Research Institute et d'autres institutions ont répondu à cette question. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature, le 1er novembre 2023. 

Des neurones liés à l’évanouissement mis en lumière

Lors de leurs expériences, les scientifiques ont étudié les mécanismes neuronaux liés au réflexe de Bezold-Jarisch (BJR). Il s'agit d'un réflexe cardiaque qui se manifeste par une réduction de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et de la respiration, le plus souvent dans les cas de déshydratation ou de position debout et immobile prolongée. Jusqu’à présent, les chercheurs pensaient qu’il pouvait être associé à l’évanouissement, mais sans connaître les voies neuronales impliquées. 

Pour mieux les comprendre, les scientifiques ont travaillé sur la façon dont les neurones sensoriels vagaux (ou VSN pour vagal sensory neurons, présents dans la tête et le cou et en lien avec le nerf vague) sont associés à l’évanouissement. Ils ont plus précisément découvert que les VSN exprimant le récepteur Y2 du neuropeptide Y (NPY2R) sont liés au BJR.

Ainsi, lors de tests avec des souris, ils ont observé qu’en activant les VSN exprimant NPY2R, les souris s’évanouissaient immédiatement. De plus, au même moment, les rongeurs présentaient des pupilles dilatées, un roulement des yeux - semblable à celui des humains quand ils s’évanouissent -, un arrêt soudain de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et du rythme respiratoire. Enfin, l'équipe a aussi remarqué une réduction du flux sanguin vers le cerveau.

Évanouissement : le corps envoie aussi des signaux au cerveau

"Nous avons été époustouflés de voir les yeux se révulser au moment même où l'activité cérébrale diminuait, expliquent les chercheurs. Puis, après quelques secondes [d’évanouissement], l’activité cérébrale et le mouvement sont revenus.

En étudiant le cerveau et les signaux des VSN exprimant NPY2R, les scientifiques ont observé des liens entre le corps et le cerveau quand une personne s’évanouit. “Traditionnellement, les neuroscientifiques pensent que le corps suit le cerveau, mais il est désormais clair que le corps envoie des signaux au cerveau, écrivent-ils. Le cœur renvoie également des signaux au cerveau, ce qui peut modifier le fonctionnement cérébral.” 

Autrement dit, la communication entre le cœur - donc le corps - et le cerveau va dans les deux sens et est visible par le fait que les signes (roulement des yeux, pression artérielle, etc.) se produisent aux mêmes moments. 

Dans un autre volet de l'essai, les scientifiques ont retiré les VSN exprimant NPY2R chez les souris. Résultats : elles ne perdaient plus connaissance. Ces VSN jouent donc un rôle très important dans l’évanouissement. 

À l’avenir, l'équipe compte poursuivre ses recherches sur d'autres problèmes de santé, notamment la syncope, qui est une perte de connaissance brutale et brève, de quelques secondes à moins de 3 minutes, avec perte totale du tonus.