- Pendant la crise sanitaire de la Covid-19, les confinements et les autres restrictions ont eu un impact sur la santé cérébrale des personnes de plus de 50 ans.
- Selon une étude, leur santé cérébrale s’est dégradée deux fois plus rapidement.
- Les auteurs expliquent cette situation par plusieurs facteurs : solitude, dépression, moins d’exercice physique ou encore une consommation plus élevée d’alcool.
Sédentarité, isolement, manque de lien social… La crise sanitaire de la Covid-19, avec ses différents confinements et couvre-feux, a impacté la vie de tous les citoyens. Mais selon une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet Healthy Longevity en novembre 2023, la santé cérébrale des plus de 50 ans a été particulièrement touchée et s’est dégradée plus vite qu’auparavant, et ce, même s’ils n’ont pas été infectés par le coronavirus.
Pandémie : un taux de déclin cognitif 50 % supérieur lors de la première année
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié les données d’une étude appelée The PROTECT study, collectées avant la pandémie (du 1er mars 2019 au 29 février 2020) et pendant, du 1er mars 2020 au 28 février 2021 ainsi que du 1er mars 2021 au 28 février 2022. En tout, il y avait plus de 3.000 participants âgés de 50 à 90 ans dont la mémoire à court terme et la capacité à accomplir des tâches complexes ont été analysées.
Résultats : lors de la première année de la crise sanitaire, le déclin cognitif s’est considérablement accéléré, avec un taux de 50 % supérieur à celui enregistré avant l'apparition du SARS-CoV-2. Sans surprise, l’impact avait été plus important chez les personnes qui présentaient déjà un déclin cognitif avant l'épidémie de la Covid-19. Lors de la deuxième année, les scientifiques ont également observé un impact sur la santé cérébrale des plus de 50 ans.
Covid-19 et déclin cognitif : quels sont les facteurs de cette hausse ?
Mais quels sont les facteurs explicatifs de cette augmentation du déclin cognitif ? Les chercheurs en mettent plusieurs en avant : la solitude (avec plus de personnes atteintes de dépression), moins d’exercice physique, une consommation plus élevée d’alcool… Des comportements à risque pour la santé mentale et cérébrale.
“D’après nos résultats, les confinements et les autres restrictions que nous avons subis durant la pandémie, ont eu un impact réel et durable sur la santé cérébrale des personnes âgées de 50 ans ou plus, même après la fin des confinements, explique Anne Corbett, l’une des autrices, dans un communiqué. Cela soulève une question importante qui est de savoir si ces individus courent un risque potentiellement plus élevé de déclin cognitif pouvant conduire à la démence. Plus que jamais, il est important de soutenir les personnes souffrant d’un déclin cognitif précoce, notamment parce qu’elles peuvent prendre certaines mesures pour réduire leur risque de démence. Si vous êtes préoccupé par votre mémoire, la meilleure chose à faire est de prendre rendez-vous avec votre médecin généraliste et d'obtenir une évaluation.”
Pour les auteurs, ces inquiétants résultats doivent être pris en compte par les décideurs lors de l’élaboration des futures politiques de santé. “Cette étude souligne l’importance de surveiller les personnes à risque lors d’événements majeurs comme la pandémie”, conclut Dag Aarsland, l’un des auteurs.