Le skyr est une spécialité laitière islandaise de plus en plus présente sur la table des Français, séduits par sa richesse en protéine et son effet coupe-faim vantés sur les emballages. Mais dans sa note du 2 novembre 2023, l’association UFC-Que choisir met un bémol aux vertus qu’on lui prête.
Skyr : un apport en protéine vraiment bénéfique ?
Lors de son enquête, l’association de défense des consommateurs a remarqué que le skyr est vendu généralement "entre 3 et 6 fois plus cher qu’un fromage blanc allégé". Et pour elle, la composition du produit ne justifie pas cet écart important. S’il contient en effet en moyenne 30 % de protéine en plus par rapport au traditionnel fromage banc allégé, les personnes en bonne santé bénéficient peu de cet apport supplémentaire.
"La grande majorité des Français, y compris les végétariens, ingèrent largement assez de protéines", affirme Stéphane Walrand, chercheur en nutrition humaine à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), interrogé par UFC Que Choisir. Sa collègue, Claire Gaudichon, experte en nutrition et comportement alimentaire, remarque de son côté qu’il est d’ailleurs "rarement utile de l’augmenter, même en cas de pratique régulière d’une activité physique".
"Les seuls pour lesquels les skyrs pourraient être un peu utiles sont les seniors, confie Stéphane Walrand à l’association, car à partir de la soixantaine, on manque parfois de protéines, ce qui favorise la fonte musculaire et augmente le risque de perte d’autonomie avec l’âge. Quelques grammes de plus par portion sont, dans ce cas, toujours bons à prendre."
Protéines coupe-faim : un effet pas clairement démontré
Qu'en est-il de l’effet coupe-faim des protéines promis par les marques vendant ce produit laitier ? Pour les spécialistes interrogés, il n’est pas "clairement démontré". Par ailleurs, les recherches menées sur le sujet ont établi que l'effet coupe-faim des protéines n'est observé qu'au-delà de 20 g par portion. Or, les skyrs n’apportent "que 2 ou 3 g de plus que la moyenne des fromages blancs allégés". Le taux serait ainsi insuffisant pour “avoir un effet sur la satiété”, selon les experts.
Autre point problématique : la consistance du skyr. Les protéines entraînent un épaississement de la texture des produits. Ciaran Forde de Wageningen University (Pays-Bas), également interrogé par UFC-Que choisir, remarque que "les pâtes plus épaisses sont consommées en plus petites quantités". Résultat : le taux de protéines ingérées par les adeptes des skyrs n’est donc pas forcément plus élevé qu’avec un yaourt standard... et la faim peut par effet domino arrivée aussi rapidement.