La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui affecte progressivement le système nerveux central. Environ 110.000 personnes en France sont concernées par cette pathologie. Elle est d'ailleurs la principale cause de handicap sévère non-traumatique chez les jeunes adultes. Les symptômes varient beaucoup d'un patient à l'autre allant des problèmes d'équilibre à la faiblesse musculaire, des difficultés cognitives (attention, concentration, mémoire...) aux troubles de la vision. Cependant, une étude, publiée dans la revue JAMA Neurology le 6 novembre 2023, suggère que des symptômes plus graves pourraient être considérablement retardés ou même évités.
Sclérose en plaques : un lien entre les niveaux de NfL et l'aggravation du handicap
Les travaux menés par des chercheurs de l'Université de Californie San Francisco ainsi que de l'Hôpital universitaire et de l'Université de Bâle (Suisse) montrent qu'un test sanguin pourrait aider à évaluer l'évolution de la sclérose en plaques. En effet, les patients ayant des niveaux élevés de protéines légères des neurofilaments (NfL), un biomarqueur des lésions nerveuses, dans leur sang, présentaient un risque important de voir une aggravation de leur invalidité un à deux ans plus tard.
Les scientifiques sont parvenus à cette conclusion après avoir analysé les dossiers de près de 1.900 patients atteints de sclérose en plaques sur une période de 10 ans. Dans le détail, les résultats ont montré que des niveaux élevés du marqueur NfL étaient associés à un risque jusqu'à 91 % plus élevé d'aggravation du handicap avec rechute (symptômes résiduels ou retour des anciens symptômes) environ un an plus tard. Il y avait jusqu'à 49 % plus de risque d'aggravation de l'invalidité sans rechute (progression des symptômes existants uniquement) près de deux ans plus tard.
Taux de NfL : il pourrait aider à prévenir l'aggravation de la maladie
Cette découverte soutient le rôle important des protéines légères des neurofilaments comme marqueur précoce des lésions nerveuses, selon les chercheurs. "La surveillance des niveaux de NfL pourrait être en mesure de détecter l'activité de la maladie avec une sensibilité plus élevée que l'examen clinique ou l'imagerie conventionnelle", explique le co-auteur principal Jens Kuhle qui dirige le Centre de la sclérose en plaques de l'hôpital universitaire et de l'Université de Bâle.
De plus, ces résultats pourraient permettre une meilleure prise en charge des patients et aider à prévenir la progression de la sclérose en plaques.
"Cette augmentation du taux de NfL jusqu'à deux ans avant l'aggravation des signes d'invalidité représente la fenêtre où les interventions peuvent empêcher la détérioration", explique le coauteur Dr Ahmed Abdelhak du département de neurologie de l'UCSF dans le communiqué de l'étude.
L'équipe prévoit désormais d'examiner les thérapies qui peuvent arrêter la progression de la maladie pendant cette période où le taux de NfL est élevé.