- Les consommateurs quotidiens de cannabis ont 34 % de risques en plus de développer une insuffisance cardiaque.
- Lors d’une hospitalisation, 13,9 % des personnes consommant du cannabis et présentant des facteurs de risque cardiovasculaire ont subi un événement cardiaque ou cérébral majeur.
- L'hypertension artérielle et l'hypercholestérolémie étaient des facteurs prédictifs d'événements cardiaques et cérébraux indésirables majeurs chez les consommateurs.
"Avec la légalisation croissante du cannabis aux États-Unis, sa consommation a augmenté de façon exponentielle, en particulier chez les jeunes. Cependant, beaucoup de choses restent inconnues concernant ses implications sur la santé cardiovasculaire." C’est ce qu’ont signalé des chercheurs américains. Pour évaluer l'association entre la fréquence de consommation du cannabis et l'apparition d'une insuffisance cardiaque, ils ont réalisé une étude dont les résultats seront présentés lors du congrès 2023 de l'American Heart Association, qui se tiendra du 11 au 13 novembre à Philadelphie.
Cannabis : les consommateurs réguliers ont 34 % de risque en plus de développer une insuffisance cardiaque
Dans le cadre de ces recherches, l’équipe a recruté 156.999 personnes en bonne santé. Ces derniers ont participé au programme de recherche All of Us parrainé par les National Institutes of Health. Dans un questionnaire sur le mode de vie et l’environnement, auquel ont répondu les participants, les scientifiques ont défini la consommation de cannabis "comme toute utilisation non prescrite ou, si prescrite, au-delà des doses prescrites". Les auteurs ont également pris en compte certains facteurs, tels que le diabète, l'hypertension, l'hyperlipidémie, l'IMC, la consommation d'alcool et le tabagisme.
Selon les résultats, au cours du suivi de 45 mois, 2.958 adultes, soit près de 2 %, ont développé une insuffisance cardiaque. Les personnes ayant déclaré consommer quotidiennement du cannabis présentaient un risque accru de 34 % de développer une insuffisance cardiaque, par rapport à celles ayant déclaré ne jamais en consommer. Ce risque était le même quels que soient l'âge, le sexe à la naissance ou les antécédents de tabagisme. Dans une deuxième analyse, lorsque la maladie coronarienne a été ajoutée à l'enquête, le risque d'insuffisance cardiaque a chuté de 34 % à 27 %, "ce qui suggère que la maladie coronarienne est une voie par laquelle la consommation quotidienne de cannabis peut entraîner une insuffisance cardiaque, et que le risque d'insuffisance cardiaque est plus élevé chez les personnes ayant consommé du cannabis".
AVC, crise cardiaque : la consommation de cannabis augmente aussi le risque
Dans une autre étude, qui sera également mise en avant durant le congrès 2023 de l'American Heart Association, des scientifiques américains ont aussi souligné les risques cardiovasculaires liés à la consommation de cannabis. Pour les besoins de leurs travaux, ils ont examiné les dossiers médicaux, provenant de plusieurs hôpitaux, de 28.835 adultes, âgés de plus de 65 ans, souffrant de troubles liés à la consommation de cannabis, d'hypertension artérielle, de diabète de type 2 ou d'hypercholestérolémie.
D’après les résultats, 20 % d'entre eux avaient un risque accru de subir un événement cardiaque ou cérébral majeur pendant leur hospitalisation, par rapport au groupe qui ne consommait pas de cannabis. Autre constat : 13,9 % des consommateurs de cannabis présentant des facteurs de risque cardiovasculaire ont subi un événement cardiaque ou cérébral majeur lors de leur admission à l’hôpital. En outre, les personnes consommant du cannabis présentaient un taux plus élevé de crises cardiaques et étaient plus susceptibles d'être transférées dans d'autres établissements. Selon les auteurs, l'hypertension artérielle et l'hypercholestérolémie étaient des facteurs prédictifs d'événements cardiaques et cérébraux indésirables majeurs chez les consommateurs de cannabis.
"Fumer et inhaler du cannabis augmente les concentrations sanguines de carboxyhémoglobine et de goudron"
"Les dernières recherches sur la consommation de cannabis indiquent que fumer et inhaler du cannabis augmente les concentrations sanguines de carboxyhémoglobine (monoxyde de carbone) et de goudron (matière combustible partiellement brûlée) de manière similaire aux effets de l'inhalation d'une cigarette, qui ont tous deux été associés à des maladies du muscle cardiaque, des douleurs thoraciques, des troubles du rythme cardiaque, des crises cardiaques et d'autres affections graves. (…) Avec les résultats de ces deux études, les risques cardiovasculaires liés à la consommation de cannabis sont de plus en plus clairs et doivent être soigneusement pris en compte et surveillés par les professionnels de santé et le grand public", a déclaré Robert L. Page II, membre de l'American Heart Association, dans un communiqué.