“À l’époque, je jouais encore au rugby lorsque j’ai remarqué qu’un de mes testicules avait un peu gonflé... Je me suis donc dit que ce n’était pas grave, que j’avais certainement pris un coup. C’était une petite gène mais sans plus, ça ne me faisait pas mal”, se souvient Stéphane, aujourd’hui âgé de 53 ans. “J’ai laissé trainé ça tout l’été sans vraiment y prêter attention, puis sous la pression de ma mère et ma femme, j’en ai parlé à ma médecin généraliste lors de la visite traditionnelle de rentrée pour obtenir mon certificat médical pour le sport.”
Gonflement du testicule : “très vite, le mot cancer est apparu”
La médecin lui annonce alors que ce gonflement n’est pas anodin. Stéphane doit passer une échographie des testicules le plus rapidement possible. “Je passe l’examen le lendemain, mais on était vendredi soir et je ne pouvais plus revoir le médecin avant lundi. J’ai donc décidé d’ouvrir moi-même le courrier de l’échographiste et j’ai cherché sur Internet pour comprendre ce que signifiait tout ce langage médical… Très vite, le mot cancer est apparu.”
Un véritable “coup de massue” pour l’informaticien et sa compagne de l’époque. “Heureusement, ma femme avait un bon contact avec sa gynécologue. On l’a appelée et elle m’a obtenu un rendez-vous avec un urologue le lundi suivant.”
Dans le cabinet de l’urologue, tout se précipite. “Il me dit qu’il faut m’opérer le plus vite possible. Comme je n’ai pas encore d’enfant, il décide de m’opérer le jeudi afin que je puisse aller dans un CECOS [Centre d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain, ndlr] avant pour faire un don de sperme.”
Cancer du testicule : moins d’une semaine entre le diagnostic et l’ablation
“C’était très brutal, car j’ai tellement attendu que tout s’est ensuite passé en moins d’une semaine. Or, si Movember existait déjà en France, j’aurais sans doute été voir mon médecin tout de suite, déplore Stéphane. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles je me suis engagé après.”
Pendant l’opération, le chirurgien procède à une orchidectomie, soit une ablation du testicule. “La seule chose ‘drôle’ dans cette histoire, c’est que j’ai dû choisir la taille de la petite boule en silicone qui devait remplacer mon testicule.”
L’opération est un succès, Stéphane ressort le lendemain de l’hôpital sans séquelle. Mais un scanner révèle ensuite des métastases pulmonaires. “Encore une fois, tout s’accélère d’un coup ! Je dois commencer une chimiothérapie qui durera cinq mois.” Le malade enchaîne des cycles de trois semaines rythmées par cinq jours de chimiothérapie puis deux semaines de repos. “Ce n’est pas le meilleur souvenir de ma vie, mais je ne voulais pas arrêter de travailler, donc j’avais hacké le wifi de mon cancérologue pour pouvoir être connecté pendant ma chimio”, se rappelle-t-il avec légèreté. Pourtant, le traitement est fatiguant et très vite, Stéphane perd ses cheveux. “Mais cette partie-là des effets secondaires, ça va, j’ai aimé le look crâne rasé que j’ai gardé depuis… Ce qui m’a le plus dérangé ce sont les sens exacerbés. L’odeur de l’hôpital me rendait malade, donc j’avais pris l’habitude de manger deux burgers au fast-food du coin à 9 heures du matin pour être sûr d’avoir quelque chose à vomir en rentrant à l'intérieur.”
Dépistage : "tous les hommes devraient s’y mettre"
Vingt ans plus tard, Stéphane ne présente aucun signe de cancer, mais il continue de faire des contrôles chaque année. “Je reste pro-actif sur les dépistages, et tous les hommes devraient s’y mettre !” Membre de l’association Movember depuis 2010, il est très vite devenu un ambassadeur lors du lancement du site français. “Au départ, j’ai connu Movember lors d’une rencontre avec l’équipe de rugby australienne qui jouait à Paris en novembre 2010. Ils étaient tous tondus et moustachus ! J’ai d'abord cru à un pari perdu, mais le capitaine de l’équipe m’a expliqué que c’était pour Movember, un mouvement lancé en Australie pour promouvoir la santé des hommes.”
Cette année, Movember fête ses 20 ans et les membres sont plutôt satisfaits de l’évolution du regard de la société sur les pathologies masculines. “Ça fait trois ou quatre ans qu’il y a un réel intérêt pour Movember en France. Au départ, on était axé sur la prévention du cancer, mais depuis quelque temps, on travaille aussi sur la santé mentale et la prévention du suicide. Il faut continuer car il y a encore beaucoup de boulot ! Il faut libérer la parole, le cancer ou la dépression ne doivent pas être des maladies honteuses pour les hommes.”
Tout le monde peut s’engager dans le mouvement. Porter la moustache est une première façon d’y participer, mais il y a également de nombreux événements partout en France. En l’occurrence, Stéphane organise des afterworks dans la capitale et une compétition de golf solidaire en région. Un spectacle intitulé “Movember Comedy Night” est également prévu au théâtre de la République à Paris le 29 novembre prochain ; et la pièce Radicale - qui raconte l’histoire d’un homme confronté à un cancer de la prostate - est également jouée plusieurs soirs par semaine au théâtre de l’Essaïon à Paris jusqu'à début janvier 2024.