En décembre 2022, une augmentation considérable du nombre d’adultes nécessitant une hospitalisation, dont une forte proportion de patients fragiles et âgés, a été observée dans les services d'urgence en France. "Le système hospitalier ne pouvait efficacement faire face à une telle pression due en partie à une triple épidémie concomitante : COVID-19, grippe, et virus respiratoire syncitial (VRS)", ont indiqué des médecins français (travaillant aux CHU de Toulouse, Rouen, Tours, Paris…) et des chercheurs de la Sorbonne Université, dans un communiqué.
Urgences : une diminution du nombre de lits
Cette situation a été aggravée par une diminution du nombre de lits disponibles résultant d’une pénurie de personnels. Ainsi, un nombre inhabituellement élevé de personnes âgées ont dû passer au moins une nuit sur un brancard aux urgences en attendant un lit d'hôpital.
Rester une nuit sur une civière est-il associé à une hausse de la mortalité et de la morbidité hospitalières chez les seniors ? C’est la question que sont posés les praticiens et scientifiques français. Pour y répondre, ils ont mené une étude publiée dans la revue JAMA Internal Medicine. Dans le cadre des travaux, l’équipe a recruté 1.598 adultes, âgés de 75 ans et plus, du 12 au 14 décembre 2022 dans 97 services d’accueil des urgences en France. Deux groupes ont été définis et comparés : les patients qui sont restés sur un brancard de minuit à 8h00 et ceux qui ont été admis dans un service avant minuit. Les auteurs ont pris en compte les comorbidités et la gravité initiale des malades.
3 % des décès aux urgences peuvent être évités
D’après les recherches, les seniors qui ont passé la nuit sur une civière aux urgences présentaient un taux de mortalité hospitalière plus élevé, plus précisément de 40 %. Les chercheurs estiment que 3 % des décès pouvaient être évités si tous les adultes avaient pu être admis avant la nuit dans une chambre d’hospitalisation. Autre constat : ces patients avaient aussi plus de risques de souffrir de complications durant l’hospitalisation (infections nosocomiales, chutes, saignements …). "Ces constatations étaient particulièrement notables chez les patients ayant une autonomie limitée", a précisé l’équipe.
Face à ces résultats, les scientifiques exigent que des mesures soient prises pour éviter autant que possible cette surmortalité. "Les personnes âgées doivent être admises en priorité dans un service."