Les allergies alimentaires peuvent rapidement transformer un repas décontracté en une situation mettant la vie en danger. Près de 5 %, des personnes allergiques peuvent faire une anaphylaxie, une réaction allergique grave qui peut inclure des éruptions cutanées, des difficultés respiratoires, des œdèmes de Quincke, un malaise et, dans certains cas, peut être mortelle.
Des chercheurs de l'université du Michigan ont découvert qu'il est possible d'évaluer le risque de faire une anaphylaxie en mesurant la perte d'eau de la peau pendant les tests d'allergie alimentaire.
Anaphylaxie : évaluer la perte d'eau cutanée pour connaître son risque
De précédents travaux avaient montré que la thermographie faciale - méthode évaluant les schémas de chaleur émis par la peau - peut prédire le risque de faire une anaphylaxie. En effet lors d'un choc anaphylactique, la dilatation des vaisseaux sanguins augmente la perte de chaleur et d'eau à la surface de la peau. Cependant, cette méthode requiert une caméra spécialisée et que le patient reste assis pendant une période prolongée, ce qui limite son utilité pratique. L'équipe de l'université du Michigan s'est donc penchée sur une mesure plus simple à réaliser : la perte transépidermique d'eau. Elle évalue la quantité d'eau qui s'échappe d'une zone de peau donnée par heure.
Lors de leurs expériences présentées dans la revue The Journal of Clinical Investigation, les scientifiques ont constaté que la perte d'eau cutanée augmente pendant les réactions d'allergie alimentaire. De plus, la hausse était corrélée avec les marqueurs biochimiques de l'anaphylaxie et précédait largement la détection clinique de ses symptômes.
"Cette méthode pourrait améliorer la capacité de détecter et de prédire l'anaphylaxie lors d'une mise en contact de l'allergène, avant le besoin d'épinéphrine, améliorant considérablement la sécurité et le confort des patients", explique le Dr Charles Schuler, auteur principal de l'étude et immunologue à l'université du Michigan.
Perte d'eau cutanée : une mesure plus simple avec les enfants
Selon les chercheurs, la mesure de la perte d'eau cutanée peut être effectuée au début du test alimentaire, avant même l'apparition de symptômes évidents. Et cette méthode aurait un avantage de taille par rapport à la thermographie faciale : elle est plus simple à mettre en place, surtout avec de jeunes patients.
"La mesure des pertes d'eau transépidermiques peut être effectuée au bureau sans équipement spécialisé (les capteurs sont fixés sur la peau) et fonctionne chez les enfants. Ce qui représente une grande amélioration par rapport aux tentatives précédentes de méthodes de détection précoce de l'anaphylaxie", ajoute le Dr Schuler.
L'expert et son équipe prévoient de lancer un essai clinique avec des participants âgés de 6 mois à 5 ans souffrant d'allergies aux arachides. Ils surveilleront la perte d'eau transépidermique au niveau de l'avant-bras pendant un test allergique afin "d'identifier les valeurs associées à l'anaphylaxie". "Ce qui, espérons-le, réduira le besoin d'injections d'épinéphrine", conclut le communiqué.