Le terme "dépigmentation volontaire", utilisé depuis les années 60, désigne le fait que des individus essayent d’éclaircir la couleur de leur peau alors que celle-ci est normale. "Les techniques employées sont souvent dangereuses pour la santé de la peau et pour la santé en général, ce qui explique l’importance du sujet pour les dermatologues", explique le docteur Antoine Petit, dermatologue à Paris.
Avoir une peau plus claire est encore valorisée esthétiquement et socialement dans de nombreuses cultures. "La dépigmentation volontaire est universelle et pratiquée par des personnes à peau plus ou moins foncée sur tous les continents. Les deux sexes sont représentés, avec cependant une large prédominance féminine variable selon les régions", poursuit le spécialiste.
Dermocorticoïdes, hydroquinone : des produits qui provoquent du diabète, de l'eczéma et de l'hypertension
Différents produits sont utilisés de par le monde pour s’éclaircir la peau à tout prix. La première catégorie est représentée par les dermocorticoïdes détournés de leur usage médical. "Les complications liées à la corticothérapie apparaissent au bout d’un laps de temps variable selon les personnes. Il peut s’agir d’hypertension, de diabète, d’infections, de complications osseuses avec ostéoporose, de complications oculaires avec risque de cataracte, etc..", alerte le docteur Antoine Petit.
Le second type de produits utilisés dans le cadre de la dépigmentation volontaire concerne les dérivés de l’hydroquinone. "L’hydroquinone peut entraîner différents effets secondaires, qui vont d’une simple irritation à de l’eczéma ou à une ochronose exogène [pigmentation bleu-noir de la peau et des muqueuses, ndlr]", ajoute l’expert.
Mercure, liquide vaisselle, dentifrice, ciment : ils provoquent des troubles neurologiques et des brûlures
La troisième catégorie de produits dépigmentants comprend des métaux lourds comme le mercure. "L’intoxication mercurielle est de gravité variable selon les personnes et les quantités utilisées. Elle peut, dans de rares cas, être à l’origine de manifestations neurologiques graves, centrales ou périphériques. Un cas récent a d’ailleurs été décrit en France : le bébé d’une femme utilisant des produits dépigmentants à base de mercure a présenté de graves troubles neurologiques. Des syndromes néphrotiques liés à ces produits à base de mercure ont également été décrits", développe le médecin.
Quatrième catégorie de substances utilisées pour la dépigmentation : des produits de l’environnement domestique tels que le liquide vaisselle, le dentifrice, le défrisant, voire même l’acide de batterie ou le ciment… "Cette pratique peut être à l’origine d’effets secondaires sévères, notamment de brûlures associées parfois à des infections graves", rapporte Antoine Petit.
La cinquième catégorie de produits consommés pour s’éclaircir la peau est composée de cosmétiques peu efficaces mais sans danger, utilisés de manière légale et disponibles en pharmacie. "Ils sont à base de vitamine C, de rétinoïdes locaux, de niacinamide, d’alpha-hydroxy acides, etc. Ils sont souvent plus onéreux et ont moins d’effet dépigmentant que les produits illicites", conclut le dermatologue.