"De précédentes données suggèrent que les lipides de la myéline (à savoir une membrane qui isole et protège certaines fibres nerveuses) pourraient servir de réserves d'énergie en cas de manque de glucose, une hypothèse qui n'a pas encore été solidement prouvée." C’est ce qu’ont écrit des chercheurs espagnols dans une étude publiée sur le site BioRxiv. Dans le cadre de ces travaux, ils ont voulu savoir comment le cerveau des sportifs continuait à fonctionner après qu'un exercice intense ait épuisé les réserves d'énergie de leur organisme. Pour cela, les scientifiques ont recruté quatre marathoniens. Les athlètes ont dû faire une IRM avant et après une course. Deux d’entre eux ont effectué un autre scanner deux semaines plus tard.
Cerveau : une réduction de la myéline un ou deux jours après la course
Les résultats ont montré que les marathoniens présentent une diminution robuste et généralisée de la myéline un ou deux jours après l'effort physique prolongé. Cette diminution concerne la matière blanche et grise et inclut les zones et voies corticales motrices et sensorielles primaires. Cette réduction de la myéline dans le cerveau indique que la membrane enveloppant les fibres nerveuses s'est amincie. Selon les auteurs, les marathoniens semblent compter sur la myéline pour leur fournir de l'énergie pendant la course. Deux semaines plus tard, une grande partie de la myéline était revenue, s'épaississant à nouveau autour des fibres nerveuses.
Dans une interview, Mustapha Bouhrara, chercheur en neuro-imagerie à l'Institut national du vieillissement de Baltimore a suggéré que la déshydratation lors de l’effort physique serait responsable de la réduction de myéline. "À notre avis, ce n'est pas le cas. L’équipe a scanné les coureurs plusieurs jours après leur course, ce qui leur a laissé le temps de se réhydrater. De plus, le volume du cerveau des coureurs est resté pratiquement le même avant et après le marathon. Les cerveaux déshydratés seraient probablement plus petits. Nous avons constaté qu'il n'y avait pas du tout de rétrécissement du cerveau", a expliqué Carlos Matute, auteur des recherches.
Maladies neurodégénératives : étudier la myéline pour développer des traitements
Les auteurs pensent que ces travaux pourraient avoir des implications thérapeutiques. Comprendre comment la myéline des sportifs se régénère si rapidement pourrait permettre de développer des traitements potentiels, notamment pour les personnes qui ont perdu de la myéline en raison du vieillissement ou d'une maladie neurodégénérative. Désormais, ils veulent voir si la diminution de myéline chez les marathoniens modifie les fonctions cérébrales et combien de temps il faut pour qu'elles se rétablissent complètement.