Communément appelé "formol", le formaldéhyde est ou a été très utilisé dans différentes activités professionnelles, notamment en tant que conservateur en thanatopraxie, en désinfectant dans le milieu hospitalier et agricole, ainsi qu’en tant que fixateur dans les laboratoires d’anatomo-cytopathologie.
Un lien avéré entre l’exposition professionnelle au formaldéhyde et les leucémies myéloïdes
Depuis plusieurs années, le formol est classé comme substance cancérogène favorisant le cancer du nasopharynx par différents organismes européens ou internationaux. Dans un nouveau rapport, L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a conclu "à une relation causale avérée entre l’exposition professionnelle au formaldéhyde et les leucémies myéloïdes, au vu de l’analyse des données existantes et sur la base, en particulier, des conclusions du rapport du Conseil national de la recherche américain de 2014". La leucémie myéloïde aiguë est un cancer du sang et de la moelle osseuse rare, qui évolue rapidement en l’absence de prise en charge thérapeutique.
L’Anses a dressé la liste des secteurs et des professions ayant été exposés à cette substance cancérogène. D’après les conclusions, 86 sur 88 secteurs de la nomenclature des activités françaises (NAF) sont concernés. La corrélation entre le formaldéhyde et le risque de leucémie myéloïde "constitue un argument fort en faveur de la création d’un tableau de maladie professionnelle", a noté l’organisme. Avant d’ajouter : "ce nouveau tableau viendrait compléter les tableaux de maladies professionnelles existants en lien avec le formaldéhyde dans les régimes de sécurité sociale (général et agricole). Ils portent sur des affections telles que les dermites, l’eczéma, les rhinites, l’asthme, et sur le cancer du nasopharynx, ce dernier ayant été créé en 2012."
Des secteurs encore très exposés à des niveaux élevés de formaldéhyde
Comme l’a précisé l’Anses, une réduction significative de la proportion de travailleurs exposés tous secteurs confondus a été observée en raison de la mise en place "de règles de prévention des risques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction dans le Code du travail". Certains secteurs restent toutefois très exposés à des niveaux élevés de formaldéhyde. C’est notamment le cas des services funéraires, du secteur des soins de santé et des travaux de charpente.
En 2022, l’Anses avait identifié des alternatives potentielles au formaldéhyde dans cinq secteurs d’activités (l’alimentation humaine, l’alimentation animale, la pisciculture, le diagnostic médical et la thanatopraxie). "La mise en œuvre d’une démarche de substitution ne consiste pas uniquement à remplacer une substance par une autre, mais peut nécessiter de revoir les processus de production, les matériaux utilisés et même l’organisation du travail. Il est donc important que les employeurs mènent cette réflexion avec l’ensemble des parties prenantes concernées : fournisseurs, salariés et leurs représentants", avait expliqué Henri Bastos, directeur scientifique santé travail à l’Anses.