Certains cancers ne sont découverts qu’au stade métastatique, c’est-à-dire à un stade où d’autres cellules cancéreuses se sont déjà disséminées ailleurs dans le corps (les métastases). Mais il est nécessaire, pour permettre un traitement adapté, de connaitre le cancer de départ, appelé cancer primitif, et donc l’organe atteint initialement.
L’équipe du Dr Sarah Watson, oncologue médicale et chercheuse, et les experts en bio-informatique de l’institut Curie ont donc mis au point un outil basé sur l’intelligence artificielle qui permet de déterminer l’origine des cancers à partir des cellules métastatiques retrouvées.
Un outil créé à partir de séquences d’ARN de cellules cancéreuses
L’institut Curie, en partenariat avec d’autres centres français, a élaboré un outil qui analyse les séquences d’ARN des tumeurs malignes récupérées à partir de prélèvements (biopsies) des cellules des métastases.
Ainsi, après avoir enregistré plus de 20.000 échantillons différents, l’intelligence artificielle a finalement été capable de préciser l’origine de ces cellules cancéreuses. Mais cette étude n’a été faite que sur une petite série de patients. Il semble donc nécessaire, selon le Dr Watson à Bfmtv, de le perfectionner.
Cet outil permet ainsi de reconnaitre, selon les profils d’expression des gènes (une sorte de carte d’identité du cancer), l’origine des cellules cancérologiques avec une rapidité et une performance bien plus élevées que les spécialistes « humains ».
Comme l’a indiqué à Bfmtv le Dr Sarah Watson : "l’outil a pu indiquer l’origine du tissu cancéreux dans plus de 80 % des cas".
Des protocoles de chimiothérapie plus spécifiques donc plus efficaces
Les cancers dont l’origine n’est pas connue sont difficiles à traiter pour deux raisons : parce que le site cancéreux de départ est inconnu mais aussi parce que le stade de découverte est tardif (puisque le diagnostic est fait au stade métastatique).
Et comme chaque cancer est traité différemment selon son origine, les protocoles de chimiothérapie sont spécifiques à chaque type de cancer. Et si le cancer d’origine n’est pas déterminé, la chimiothérapie est moins précise et, de ce fait, beaucoup moins efficace.
Cette connaissance de l’origine du cancer primitif à partir des cellules cancéreuses retrouvées à n’importe quel endroit du corps est donc primordiale pour mettre en place un traitement adapté et efficace. Et grâce à cet outil, les chances de survie du patient sont triplées.
L’intelligence artificielle doit rester couplée à l’intelligence humaine
Le Dr Sarah Watson précise bien que "l'outil ne travaille pas tout seul, il s'intègre avec ensemble de données analysées avec une réunion d'experts pour rendre le diagnostic le plus précis possible". L’intelligence artificielle reste un outil d’aide au diagnostic et à la prise en charge des cancers fort utile. L’équipe de recherche a commencé, après la parution de cette étude dans le Journal of Molecular Diagnostics, à diffuser cet outil à d’autres centres de prise en charge des cancers.
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