"Alors que les taux de suicide continuent d'augmenter, nous devons élaborer des stratégies supplémentaires fondées sur des données probantes pour traiter tous les facteurs qui contribuent au risque de suicide", explique la Dr Lena Brundin de l'Institut Van Andel. Ses derniers travaux ont d'ailleurs permis d'identifier deux éléments pouvant contribuer à l'accroissement du risque suicidaire : l'inflammation du cerveau et la perte de ses mécanismes de protection critiques. Les résultats ont été publiés dans la revue Molecular Psychiatry, le 8 novembre 2023.
Suicide : une inflammation repérée dans le cerveau
L'équipe a comparé le cerveau de 29 personnes décédées par suicide à celui de 32 adultes emportés par d'autres causes. "Nous nous sommes concentrés sur le cerveau parce que c'est là que résident les processus biologiques qui affectent l'humeur, les idées et l'intention suicidaires, et la prise de décision", précise le Dr John Mann de l'Université de Columbia qui a également participé à ces travaux.
Les analyses ont montré une augmentation de l'inflammation dans le cerveau des personnes qui se sont donnée la mort. Elle était associée à une réduction de l'activité des mécanismes protecteurs. Dans le détail, les scientifiques ont noté une activité moindre au niveau du gène NPAS4, responsable de la régulation de l'inflammation et du maintien de la santé des cellules cérébrales. De plus, ils ont observé une excitotoxicité accrue, un processus inflammatoire favorisant la mort cellulaire. Il y avait aussi une diminution du nombre d'oligodendrocytes. Il s'agit de cellules spécialisées qui protègent les fibres nerveuses. "Les preuves suggèrent que ces cellules vitales peuvent succomber aux dommages causés par l'inflammation, laissant les fibres nerveuses vulnérables", précise le communiqué.
Inflammation et suicide : il faudrait maintenant identifier des biomarqueurs
Les chercheurs souhaitent désormais trouver des biomarqueurs dans le sang pouvant indiquer le risque de suicide. S'ils y parviennent, un test sanguin pourrait être développé et ainsi repérer les patients pouvant tenter de mettre fin à leurs jours. L'identification de biomarqueurs pourrait aussi aider à développer des médicaments en ciblant l'inflammation. Ainsi, les futures expériences de l'équipe se concentreront sur la compréhension du rôle de l'inflammation dans le risque de suicide et sur le développement de traitements anti-inflammatoires spécifiques.
"Les médecins ont désespérément besoin de moyens améliorés pour identifier les patients présentant un risque accru de suicide, confie Dr Eric Achtyes, Western Michigan University. Détecter les modèles dans les marqueurs moléculaires pour signaler ceux qui présentent un risque accru pourrait être un outil précieux pour aider les personnes en difficulté".