Certaines substances chimiques que nous rencontrons via notre environnement ou notre alimentation, telles que le bisphénol A, sont éliminées de notre organisme en quelques heures. Ce phénomène complique les analyses et études sur les effets de ces produits. "Nous avons été confrontés à ce problème au cours d’une expertise sur le bisphénol A", explique Claire Beausoleil, toxicologue au sein de la Direction de l’évaluation des risques dans un communiqué. Cependant, une étude réalisée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a démontré que l'analyse des cheveux pourrait permettre d'évaluer l'exposition à ces polluants.
Les cheveux montrent l'exposition à plusieurs substances chimiques
Pour trouver une méthode d'analyse pertinente, l'ANSES, le Luxembourg Institute of Health et l’Institut national de l'environnement industriel et des risques ont exposé des rats à 17 polluants comprenant des pesticides, des phtalates, des bisphénols et un plastifiant appelé DINCH. Des échantillons de poils et d'urine ont été recueillis afin de mesurer les concentrations des métabolites provenant de la transformation de ces substances dans le corps. Les résultats obtenus ont démontré qu'il existe une corrélation entre la dose d'exposition par ingestion et la concentration des métabolites retrouvée dans les poils des rats pour 14 des 17 substances étudiées.
"Cette concentration est également proportionnelle à celle trouvée dans les urines, ce qui témoigne que les substances se sont fixées dans les poils après avoir été transportées par le sang", précise l'ANSES dans son communiqué paru le 16 novembre 2023.
Analyse des cheveux : une méthode plus représentative que l'analyse du sang sur le long terme
Pour les chercheurs, il serait ainsi intéressant d'étudier les cheveux lors des analyses liés aux polluants. "La mesure (de la concentration) pourrait même être plus représentative que celle dans le sang. En effet, la substance peut avoir été éliminée du sang au moment du prélèvement, alors que les poils et les cheveux conservent plus longtemps la trace du polluant une fois qu’il s’est fixé à la kératine", explique l'ANSES.
Il convient toutefois de rappeler que l'étude, publiée dans la revue Environmental Science & Technology, a été réalisée sur des rats. Il serait donc nécessaire de faire des ajustements pour extrapoler ses résultats à l'être humain. En effet, l'incorporation de substances dans les poils ou les cheveux dépend de plusieurs paramètres comme temps d'absorption et d'élimination des molécules, qui varient d'une espèce à l'autre.