- Les nanoplastiques interagissent avec une protéine que l'on trouve naturellement dans le cerveau, appelée alpha-synucléine.
- Le mélange de ces deux éléments augmente les risques de développer la maladie de Parkinson, selon une nouvelle étude.
- Pour les chercheurs, il est essentiel de mieux identifier les facteurs environnementaux qui favorisent l'apparition de la maladie de Parkinson.
Océan, eaux douces, terre ou même alimentation... les nanoplastiques sont un peu partout dans l’environnement. Et s'ils inquiètent d'ores et déjà les scientifiques, l'étude de l'école de médecine de l'université Duke ne va clairement pas les rassurer. Ces éléments plastiques d'une taille inférieure au millième de millimètre, interagissent avec une protéine présente naturellement dans le cerveau, favorisant les changements liés à la maladie de Parkinson et à certains types de démence.
L'étude dirigée par l'université Duke a été publiée dans la revue Science Advances, le 17 novembre 2023.
Maladie de Parkinson : les nanoparticules de plastique mises en cause
"La maladie de Parkinson a été qualifiée de trouble neurologique à la croissance la plus rapide au monde", rappelle le chercheur principal Pr Andrew West de l'école de médecine de l'université Duke. "De nombreuses lignes de données suggèrent que les facteurs environnementaux pourraient jouer un rôle de premier plan dans la maladie de Parkinson, mais de tels facteurs n'ont pour la plupart pas été identifiés."
En essayant de mettre en lumière les facteurs environnementaux représentant un risque, le scientifique et son équipe ont constaté que les nanoparticules du polystyrène plastique - que l'on trouve généralement dans les articles à usage unique comme les gobelets et les couverts jetables - favorisent l'accumulation d'une protéine appelée alpha-synucléine. Or, la forme agrégée de cette dernière est associée à une hausse des risques de la maladie de Parkinson. Par ailleurs, ces polluants plastiques invisibles à l'oeil nu se mêlent avec la protéine dans la zone neuronale, connue pour être impliquée dans la propagation de la pathologie neurodégénérative : les lysosomes.
Le mélange des protéines avec les nanoparticules de plastiques a été observé au cours de trois expériences différentes. C'est-à-dire dans des tubes à essai, avec des neurones en culture ainsi qu'avec des rongeurs touchés par la maladie de Parkinson.
Nanoplastiques : il faut étudier leur impact sur le cerveau
Pour les chercheurs, leurs résultats montrent qu'il est nécessaire de mieux déterminer l'impact des nanoparticules sur le cerveau de l'Homme afin de comprendre les risques encourus.
"Alors que les contaminants microplastiques et nanoplastiques sont étroitement évalués pour leur impact potentiel sur le cancer et les maladies auto-immunes, la nature frappante des interactions que nous pourrions observer dans nos modèles suggère la nécessité d'évaluer l'augmentation des contaminants nanoplastiques sur la maladie de Parkinson et le risque et la progression de la démence ", assure le Pr West dans un communiqué de son établissement.
"La technologie nécessaire pour surveiller les nanoplastiques en est encore à ses premiers stades et n'est pas encore prête à répondre à toutes les questions que nous avons", ajoute-t-il . "Mais nous espérons que les efforts dans ce domaine augmenteront rapidement, car nous voyons ce que ces particules peuvent faire dans nos modèles. Si nous savons à quoi faire attention, nous pouvons prendre les mesures nécessaires pour nous protéger, sans compromettre tous les avantages que nous récoltons chaque jour des plastiques."