- La fréquence de la maladie d’Alzheimer augmente avec l'âge. Rare avant 65 ans, elle touche 23% de la population après 80 ans. À ce jour, on estime que 1,2 million de personnes sont atteintes en France.
- D’après l’étude, des taux élevés de graisse abdominale seraient associés à une augmentation du risque de maladie d'Alzheimer.
- C’est la première fois qu’une étude relie ce type spécifique de graisses aux protéines associées au développement de la maladie neurodégénérative.
Tous les gras ne se valent pas. La graisse abdominale, ou viscérale, est la partie du tissu adipeux, située sous les muscles de l’abdomen, qui entoure les organes internes (foie, estomac et intestins). Elle diffère de la graisse sous-cutanée, stockée sous l’épiderme, et de la graisse intramusculaire, répartie entre les fibres musculaires. C’est, pour résumer, le gras du ventre que l’on cherche souvent à perdre, et non sans difficultés, autour de la quarantaine.
À raison, car elle augmente le risque de maladies comme le diabète de type 2 ou le cancer. D’après une nouvelle étude, qui sera présentée fin novembre lors du congrès annuel de la Société nord-américaine de radiologie (RNSA), la graisse viscérale serait même associée au développement de la maladie d’Alzheimer.
La graisse abdominale associée à une accumulation de protéines tau
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs du Mallinckrodt Institute of Radiology (MIR), aux Etats-Unis, ont analysé les données de 54 participants âgés de 40 à 60 ans, en bonne santé cognitive, avec un IMC moyen de 32. Ils ont mesuré leurs taux de glucose et d'insuline, ainsi que leurs volumes de graisse sous-cutanée et de graisse abdominale grâce à des IRM. Ils ont ensuite évalué les niveaux de protéines amyloïde et tau dans leurs cerveaux, dont l’accumulation est connue pour être toxique pour les neurones et à l’origine de la maladie d’Alzheimer.
Résultat, les chercheurs ont constaté que des quantités plus élevées de graisse abdominale étaient associées à un taux d’absorption plus élevé des protéines en question dans le cortex précuneus, une région du cerveau connue pour être affectée très tôt par la maladie, mais également à une augmentation de l’inflammation dans le cerveau. C’est la première fois qu’une étude relie ce type spécifique de graisses aux "protéines de l’Alzheimer".
"Les sécrétions inflammatoires de graisse viscérale – par opposition aux effets potentiellement protecteurs de la graisse sous-cutanée – peuvent conduire à une inflammation du cerveau, l'un des principaux mécanismes contribuant à la maladie d'Alzheimer", explique dans un communiqué la chercheuse Mahsa Dolatshahi, qui a participé à l’étude.
Les graisses cachées peuvent augmenter le risque de maladie d'Alzheimer
"Cette étude met en évidence un mécanisme clé par lequel les graisses cachées peuvent augmenter le risque de maladie d'Alzheimer, abonde son confrère Cyrus A. Raji, professeur de radiologie et de neurologie. Cela montre que de tels changements cérébraux se produisent dès l'âge de 50 ans en moyenne, soit environ 15 ans avant l'apparition des premiers symptômes de perte de mémoire de la maladie d'Alzheimer."
Les auteurs espèrent que leurs travaux permettront de considérer la graisse viscérale comme nouvelle cible de traitement thérapeutique, afin de diminuer les risques d'inflammation cérébrale et de démence futures.