- Les personnes accros au travail sont, en moyenne, de moins bonne humeur que les salariés.
- Le lien entre la dépendance au travail et une mauvaise humeur était en fait plus prononcé chez les femmes que chez les hommes.
- "L'humeur négative peut indiquer des niveaux de stress quotidiens élevés et cela pourrait être la cause d'un risque plus élevé de développer un épuisement professionnel et des problèmes cardiovasculaires."
Certaines personnes sont excessivement impliquées dans leur travail puis y deviennent dépendantes au fil du temps sans même s’en rendre compte. Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), cette addiction, qui est difficile à repérer, a des conséquences parfois graves pour leur entourage, mais également sur le bien-être physique et psychologique. Pourtant, "l’expérience affective des bourreaux de travail et leur réactivité émotionnelle aux facteurs de stress professionnels ont été peu étudiées", ont indiqué des chercheurs italiens. Ainsi, ils ont décidé de réaliser une étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Occupational Health Psychology.
Les femmes accros au travail sont de plus mauvaise humeur que les hommes
Pour mener à bien leur recherche, les scientifiques ont recruté 139 employés qui travaillaient à temps plein. Les participants ont dû effectuer un test psychologique pour évaluer leur niveau de dépendance au travail. Ensuite, l’équipe a analysé l'humeur des travailleurs et leur perception de la charge de travail en utilisant une technique connue sous le nom de "méthode d'échantillonnage d'expérience". Cela a été fait à l'aide d'une application installée sur les téléphones des volontaires, qui leur a permis de répondre à de courts questionnaires environ toutes les 90 minutes, de 9h à 18h, pendant trois jours (lundi, mercredi et vendredi).
D’après les résultats, les bourreaux de travail sont, en moyenne, de moins bonne humeur que les autres. Cela était plus prononcé chez les femmes. "Il ne semble donc pas vrai que les personnes dépendantes du travail tirent plus de plaisir de leur activité professionnelle. Bien au contraire, les résultats semblent confirmer que, comme dans d'autres formes de dépendance comportementale et aux substances, l'euphorie initiale conduit à un état émotionnel négatif qui envahit la personne même au travail", a expliqué Cristian Balducci, auteur de l’étude dans un communiqué.
"Workaholisme" : un risque plus élevé de faire un burn-out pour les bourreaux de travail
Les chercheurs ont également noté que les personnes accros au travail étaient de mauvaise humeur tout au long de la journée, "sans changements attribués au passage du temps ou aux fluctuations de la charge de travail." Une diminution de la réactivité de l’humeur aux stimuli externes implique un aplatissement émotionnel notable, un phénomène bien reconnu dans d’autres types d’addictions. Selon Luca Menghini, qui a participé aux recherches, cela pourrait provenir de l'incapacité du bourreau de travail à modérer son investissement, ce qui entraînerait une diminution significative des expériences de déconnexion et de récupération.
"L'humeur négative observée chez les bourreaux de travail peut indiquer des niveaux de stress quotidiens élevés et cela pourrait être la cause d'un risque plus élevé pour ces personnes de développer un épuisement professionnel et des problèmes cardiovasculaires. L'humeur pourrait facilement influencer celle des collègues et des collaborateurs. Cela pose un risque que les entreprises devraient sérieusement envisager, en intervenant pour décourager les comportements qui favorisent une addiction au travail", a conclu Cristian Balducci.