Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), plus d’un tiers des ménages sont constitués d’une personne seule. Mais vivre seul signifie-t-il se sentir seul ? Pas du tout, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of Behavioral Development.
"Les personnes vivant seules sont considérées comme un groupe" ayant "un faible niveau de bien-être"
"Dans les études, les personnes vivant seules sont souvent comparées [à celles ayant des] modes de vie traditionnels - comme [celles vivants à deux] ou les familles - et sont considérées comme un groupe très homogène qui a généralement un faible niveau de bien-être, explique Philipp Kersten, responsable de l'étude, dans un communiqué. Nous voulions comprendre l'hétérogénéité de ce mode de vie [des personnes qui vivent seules] et montrer comment ils peuvent réussir."
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de l'Université Friedrich Schiller de Jena, en Allemagne, ont interrogé 400 personnes vivant seules, âgées de 35 à 60 ans. Ainsi, ils ont observé quatre groupes distincts. Le premier comprenait environ un tiers des participants. Ils avaient un réseau social très important, composé de membres de la famille, d’amis, de collègues et de voisins. Ils avaient des contacts sociaux quotidiens et se disaient particulièrement satisfaits de leur situation.
Le deuxième regroupait un peu moins de 10 % des participants. Leurs relations sociales reposaient en très grande partie sur leur partenaire, avec des contacts quotidiens mais restreints essentiellement à une personne. Le troisième groupe (plus de 26 %) avait un réseau social de taille moyenne mais peu de contacts quotidiens. Enfin, les plus de 32 % des participants qui composaient le quatrième groupe avaient un plus petit réseau social et peu de contacts quotidiens.
Solitude : utiliser son réseau social pour ne pas en souffrir
Les personnes des deux premiers groupes avaient un bien-être supérieur aux deux derniers groupes. Mais, bien que le réseau social des membres du deuxième groupe soit moins large que le premier groupe, ils avaient un niveau de bien-être supérieur et se sentaient moins seuls. Enfin, le sentiment de solitude touchait davantage les participants des groupes 3 et 4.
"Nous avons été particulièrement surpris que le groupe le plus insatisfait, soit environ un tiers des participants à l'étude, ne dispose pas d'un réseau si restreint, explique Philipp Kersten. Cependant, celui-ci n'entraîne que peu de contacts quotidiens.”
Pour analyser plus précisément la qualité des contacts, les chercheurs ont demandé aux participants de remplir un journal en décrivant leurs contacts. Ainsi, ils ont observé qu'au-delà du réseau social, c’est plus la qualité des relations et l’utilisation du réseau social qui est déterminante. De plus, le fait de choisir de vivre seul est aussi un facteur très important qui détermine la qualité de vie.
"Le groupe [qui a un avis positif sur le fait de vivre seul], plus de 40 % des personnes interrogées, montre que le sentiment de solitude n’est pas inéluctable si l'on utilise systématiquement les opportunités de contacts sociaux réguliers”, indique Franz J. Neyer, co-auteur de l’étude.