ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Endométriose : les symptômes peuvent apparaître dix ans avant le diagnostic

Gynécologie

Endométriose : les symptômes peuvent apparaître dix ans avant le diagnostic

Par Chloé Savellon

Dépression, douleurs abdominales et lombaires… Les femmes atteintes de cette maladie chronique peuvent présenter des symptômes durant une dizaine d'années avant d'être diagnostiquées.

Drazen Zigic/iStock
Les femmes atteintes d'endométriose présentaient des troubles intestinaux, une fatigue intense, des difficultés à dormir, des allergies, des maux de tête, une dépression.
En raison d’une tendance à la normalisation, le diagnostic a été posé en moyenne entre sept et onze ans plus tard après l’apparition de ces symptômes.
"Ce retard réduit la qualité de vie des femmes, qui doivent faire face à davantage de visites chez le médecin et à un succès potentiellement moindre en matière de fertilité".

L'endométriose a été associée à des taux plus élevés de divers symptômes. Pour la première fois, des chercheurs de l'université du Queensland (Australie) ont étudié les multiples manifestations de cette pathologie gynécologique. Pour ce faire, ils ont analysé les données de 7.606 femmes souffrant d’endométriose, nées entre 1973 et 1978, dans le cadre de travaux parus dans la revue American Journal of Obstetrics and Gynecology. Les patientes ont été interrogées sur leur santé et leur bien-être tous les trois ans entre 2009 et 2018. Lors de chaque enquête, elles ont également rempli un questionnaire sur la présence de 24 symptômes.

Dépression, anxiété, maux de tête : deux fois plus de risques en cas d’endométriose

D’après les résultats, les participantes ayant reçu un diagnostic d'endométriose étaient près de quatre fois plus enclines à ressentir de fortes douleurs menstruelles et à présenter des saignements abondants et irréguliers, que les femmes en bonne santé. Ces dernières avaient aussi deux fois plus de risques de souffrir de problèmes de santé mentale, comme la dépression et l’anxiété, de douleurs lombaires et de céphalées. Autre constat : les patientes étaient plus susceptibles d'avoir des articulations raides et douloureuses, d’être atteintes d’allergies, du rhume des foins, d’une sinusite et de troubles du sommeil.

"Les femmes atteintes d'endométriose avaient plus de risque de présenter des symptômes intestinaux, une constipation, des hémorroïdes, une indigestion, des brûlures d'estomac, des pertes vaginales ou une irritation. L'association entre chaque symptôme et l'endométriose était similaire, que la maladie ait été confirmée chirurgicalement ou suspectée cliniquement. Aucune association n'a été trouvée entre l'endométriose et le risque de problèmes de peau, de fuites urinaires ou de difficultés respiratoires", peut-on lire dans les recherches.

Un retard de diagnostic de 7 à 11 ans en moyenne

Selon l’équipe, ce large éventail de symptômes, associé à une tendance à la normalisation, a fait que le diagnostic a été posé en moyenne entre sept et onze ans plus tard. "Ce retard réduit considérablement la qualité de vie des femmes, qui doivent faire face à des symptômes non traités, à davantage de visites chez le médecin et à l'hôpital, et à un succès potentiellement moindre en matière de fertilité", a signalé Dereje Get, auteur principal de l’étude, dans un communiqué. Il a ainsi souligné l'importance d'un diagnostic et d'un traitement précoces de l'endométriose pour réduire le risque de symptômes et de complications associés.

"Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment le système immunitaire et l'inflammation sont liés à un large éventail de symptômes, ce qui pourrait permettre d'améliorer les traitements. Les femmes atteintes d'endométriose devraient être encouragées à gérer leurs symptômes de manière proactive en modifiant leur mode de vie, en prenant des médicaments ou en subissant une intervention chirurgicale, afin d'améliorer leur qualité de vie et de prévenir d'autres complications", a conclu Gita Mishra, co-auteur des travaux.