- La HAS (Haute Autorité de Santé) a produit un nouveau document appelant "les médecins à se saisir pleinement du sujet des violences conjugales".
- En 2022 comme en 2023, peu de femmes déclarent avoir été interrogées par leur médecin généraliste sur leur relation avec leur partenaire (14 %), et encore moins rapportent avoir été directement questionnées sur d’éventuelles violences conjugales (3 %).
- Parmi les répondantes, une femme sur cinq verbalise pourtant subir ou avoir subi des violences (physiques, verbales, psychologiques, sexuelles…) de la part de leur partenaire.
La HAS (Haute Autorité de Santé) a produit un nouveau document appelant "les médecins à se saisir pleinement du sujet des violences conjugales".
Dans sa publication intitulée "Repérage des femmes victimes de violences au sein du couple" et publiée en 2019, la HAS recommandait aux professionnels de santé de premier recours de demander à toutes leurs patientes si elles subissaient ou avaient subi des violences par le passé, même en l’absence de signes d’alerte.
Quelques années plus tard, la Haute Autorité de Santé a réalisé une étude pour suivre l’appropriation de cette recommandation par les médecins généralistes. "Les résultats soulignent que les patientes sont très favorables à ce questionnement systématique, qui reste trop peu mis en œuvre aujourd’hui", résument les experts en préambule.
Pour suivre l’évolution des pratiques des médecins généralistes, la HAS a mis en place un baromètre en lien avec l’institut BVA : près de 1.000 femmes ont été interrogées en octobre 2022 et en octobre 2023 pour savoir si le sujet avait été abordé en consultation par leur médecin.
Violences conjugales : "une stagnation des pratiques" chez les médecins
Les deux premières mesures de ce baromètre mettent en évidence une stagnation des pratiques. En 2022 comme en 2023, peu de femmes déclarent avoir été interrogées par leur médecin généraliste sur leur relation avec leur partenaire (14 %), et encore moins rapportent avoir été directement questionnées sur d’éventuelles violences conjugales (3 %). Parmi les répondantes, une femme sur cinq verbalise pourtant subir ou avoir subi des violences (physiques, verbales, psychologiques, sexuelles…) de la part de leur partenaire.
Contrairement aux craintes de certains professionnels, 96 % des femmes interrogées considèrent par ailleurs qu’un questionnement systématique par le médecin est une bonne chose (48 % une très bonne chose, 48 % plutôt une bonne chose). Interrogées sur une batterie d’items, 9 femmes sur 10 estiment même qu’aborder ce sujet en consultation est "important, légitime et rassurant".
Violences conjugales : "la HAS réaffirme son engagement aux côtés des victimes et des médecins"
Au vu de ces résultats, la HAS réaffirme son engagement aux côtés des professionnels de santé et des femmes dans la lutte contre les violences conjugales. Elle met à cet effet plusieurs éléments à la disposition des médecins généralistes afin de faciliter ce dialogue. Outre les recommandations et fiches pratiques associées, la HAS a ainsi conçu un outil d’aide au repérage des violences conjugales. L’autorité sanitaire propose également deux formats vidéo : la minute reco "Violences conjugales : comment les repérer ?" et le replay du webinaire "Violences conjugales : en parler pour mieux les repérer".
"Le plus souvent, les femmes n’abordent pas spontanément les violences qu’elles subissent. Les conséquences physiques et psychiques de ces violences sont alors mal prises en charge", rappelle en conclusion l’autorité de santé.