En vieillissant, les facultés intellectuelles et notamment la mémoire commencent à décliner. Au niveau cérébral, ce déclin cognitif touche d’abord les neurones du cortex préfrontal. Cette zone du cerveau est impliquée dans la mémoire de travail, c’est- à-dire notre capacité à être attentif, à mémoriser à court terme et à planifier des tâches.
On pensait jusqu’ici que le déclin cognitif était lié à une perte de neurones mais une équipe américaine a observé que ces neurones ne sont pas morts mais simplement « fatigués ».
Ces chercheurs en neurosciences, qui publient leurs résultats dans la revue scientifique PNAS, ont étudié le cerveau de 29 singes rhésus de tous les âges. Ils ont observé qu’avec le vieillissement, les neurones de l’aire de la mémoire de travail ne disparaissent pas mais s’affaiblissent. A l’intérieur, les transporteurs d’énergie que l’on appelle mitochondries perdent leur forme habituelle de grain de riz au profit d’une forme trouée au centre, comme un donut. Du coup, le transport d’énergie est beaucoup moins efficace et les connexions entre neurones se font moins bien, se manifestant in fine par des troubles de mémoire.
La bonne nouvelle, c’est que cet état de donut n’est pas irréversible. Les chercheurs ont observé in vitro que les mitochondries reprenaient leur forme fonctionnelle si on les mettait en présence d’oestrogène, l’hormone sexuelle féminine déjà connue pour ses effets anti-oxydants.
Il reste encore beaucoup d’étapes avant d’envisager de traiter les neurones par les oestrogènes, mais cette étude apporte la preuve que le déclin cognitif n’est pas une lente mort cérébrale mais bien un processus de vieillissement qui pourrait du coup être ralenti.
On dit qu’à partir de l’adolescence un cerveau perd environ 2% de son volume tous les 10 ans. Cette étude apporte un argument de plus pour penser que la perte de volume cérébral avec l’âge n’est donc pas liée à des morts massives mais à une atrophie des neurones qui perdent en volume.
En revanche, il ne s’agit ici que du vieillissement cérébral normal. Lorsque la personne souffre d’une maladie dégénérative, il semble que certains neurones ne soient pas seulement affaiblis par l’âge mais bien détruits pas la maladie, de Parkinson ou d'Alzheimer par exemple.