Si des médicaments antirétroviraux peuvent aider les personnes qui en sont porteuses, il n’existe à ce jour aucun remède contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Mais une nouvelle découverte révélant comment le virus se lie aux lymphocytes T, ces globules blancs qui sont censés combattre l’infection, pourrait bien ouvrir la voie à de nouveaux traitements. L’étude a été publiée dans la revue Nature.
Comment le VIH interagit avec les lymphocytes T
On sait, par les études antérieures, que le VIH infecte un hôte en se liant d'abord à un récepteur de surface cellulaire appelé CD4, qui sert de point d’accroche au virus et lui permet de pénétrer les lymphocytes T et de les rendre dysfonctionnels.
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs du laboratoire Mothes, de l’Université de Yale (Etats-Unis), ont utilisé une nouvelle technologie d’imagerie baptisée cryo-ET pour observer ce processus. Celle-ci leur a permis de visualiser, pour la première fois, comment le VIH-1, le type le plus courant de VIH, a interagi avec des particules virales (VLP) transportant des récepteurs CD4, imitant ainsi la façon dont le virus interagit avec les lymphocytes T dans la nature.
"Notre étude montre les tout premiers stades de la manière dont cette terrible maladie commence et les étapes de la façon dont elle s'engage avec les récepteurs, pour ensuite fusionner les membranes [du VIH] avec les lymphocytes T", ce qui permet au virus de proliférer, explique le professeur Walther Mothes, auteur principal de la recherche, dans un communiqué.
En effet, les scientifiques ont constaté que le VIH-1 et le VLP se sont rassemblés en petits groupes et ont formé des anneaux. Lorsque les membranes étaient plus éloignées l'une de l'autre, le VIH-1 était lié à un seul CD4. Au fur et à mesure que les membranes se rapprochaient, le VIH-1 se liait à un deuxième et un troisième CD4. "Nous pensons que ces trois étapes intermédiaires représentent la façon dont le VIH se lie naturellement au CD4 sur les lymphocytes T", note Walther Mothes.
Intervenir avant que le VIH n’infecte une cellule hôte
L'équipe espère que ces conclusions mèneront à de nouveaux médicaments inhibiteurs contre le VIH qui ciblent spécifiquement ces conformations du VIH, permettant ainsi d’intervenir avant que le virus n’infecte une cellule hôte. Pour résumer : arrêter le VIH tout en n’interférant pas avec d’autres molécules bénéfiques pour les cellules.
"Imaginez les virus du VIH comme des voitures voyous circulant sur les routes. Les médicaments actuels bloquent les voies pour arrêter la propagation du virus, mais ils affectent également d'autres voitures dans la circulation, illustre le chercheur Wenwei Li, qui a participé à l'étude. Nous apprenons à quoi ressemblent les virus – leur couleur, leur taille et leur forme - afin de pouvoir les cibler spécifiquement avec des médicaments, en tirant sur les virus sans affecter les autres voitures dans la circulation."