Quatre millions de personnes souffraient d’ostéoporose en France, en 2019, selon l’Inserm. Le vieillissement est la première cause de cette maladie du squelette. Mais d’autres facteurs peuvent contribuer à son apparition, notamment certains traitements médicamenteux. "C’est une source d’interrogation des patients, souligne la Pr Karine Briot, rhumatologue, spécialiste de l’ostéoporose, à l’hôpital Cochin. Lorsqu’on prend un traitement, on se demande quelle est sa part de responsabilité dans la survenue de l’ostéoporose."
La cortisone, un facteur de risque important d’ostéoporose
La première cause d’ostéoporose d’origine médicamenteuse est la prise de cortisone. "C’est de loin la plus importante, insiste cette spécialiste, qu’elle soit prise par la bouche ou par perfusion. Lorsqu’elle se prend par inhalation ou en application locale dans les maladies de peau, il n’y a pas de risque."
Les médicaments à base de cortisone sont notamment prescrits en cas de polyarthrite rhumatoïde ou dans la maladie de Crohn. Dans ces cas, il arrive que les médecins décident de mettre en place un second traitement pour prévenir l’ostéoporose en parallèle. Le risque de fracture et de chute de la masse osseuse est avéré au bout de trois mois de prise. "Il persiste tant que l’exposition à la cortisone dure, mais lorsqu’on arrête le traitement, le risque revient rapidement au niveau de celui d’une personne du même âge, non-exposée à la cortisone." La spécialiste souligne qu’il n’existe pas de dose minimale quotidienne à partir de laquelle cette substance augmente le risque d’ostéoporose. Les précédentes recommandations considéraient que le risque était avéré à partir de 5 mg par jour, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. "On voit un risque de fragilité osseuse à 2 ou 3 mg", constate-t-elle.
Quels sont les autres médicaments ayant un lien avec l’ostéoporose ?
D'autres traitements peuvent aussi augmenter le risque. "Globalement toutes les classes de traitement qui bloquent les hormones, qu’on utilise notamment dans des cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein ou de la prostate", développe la Pr Karine Briot. Elle cite notamment les inhibiteurs de l’aromatase, qui bloquent la production d’œstrogènes, et les traitements anti-androgènes utilisés dans le traitement du cancer de la prostate. "Généralement, il y a des échanges entre l’oncologue et un spécialiste de l’ostéoporose pour prévenir le risque osseux parce que les cancers se traitent de mieux en mieux, et il faut donc éviter d’exposer les patients à une source de fracture ostéoporotique."
Par ailleurs, les scientifiques ne sont pas d’accord en ce qui concerne les médicaments anti-ulcéreux. Certaines études montrent qu’ils sont associés à un risque d’ostéoporose, d’autres démontrent l’inverse. "Globalement, la littérature indique que c’est plutôt la maladie qui donne de l’ostéoporose, estime la rhumatologue. Mais la question peut se poser quand on prend ces médicaments sur une durée prolongée."
Ostéoporose : comment minimiser l’impact des traitements médicamenteux ?
Pour réduire le risque d’ostéoporose en cas de traitement médicamenteux, Karine Briot estime que la première chose à faire est d’éviter le médicament ou de diminuer son dosage, ou encore la durée de prise. "Dans les maladies inflammatoires et rhumatologiques, on a d’autres traitements qui permettent d’utiliser moins de cortisone, souligne-t-elle. Quand ce n’est pas possible, il faut mettre en route un médicament anti-ostéoporose." En revanche, elle précise que la prise de calcium ou de vitamine D ne semble pas suffire pour limiter le risque d’ostéoporose lié aux traitements. Aux patients inquiets, elle rappelle qu’il est nécessaire de respecter les doses de médicaments prescrites et de ne pas faire d’auto-médication.