L’Ozempic, l'antidiabétique popularisé sur les réseaux sociaux pour ses effets amaigrissants, et le Wegovy n’auraient pas un effet uniquement sur le poids et l'insuline, selon une étude menée. Ces deux traitements, imitant notamment une hormone gastro-intestinale (GLP1) qui participe à la régulation de l’appétit, peuvent aussi réduire l’envie de boire de l’alcool.
En effet, deux études présentent de nouvelles preuves selon lesquelles le Sémaglutide – molécule des deux médicaments – ainsi que le Tirzpatide pourraient aussi venir en aide aux personnes souffrant d’alcoolisme.
Sémaglutide : une étude de cas révèle une baisse de l’envie d’alcool
Dans une étude de cas parue le 27 novembre 2023 dans la revue The Journal of Clinical Psychiatry, les chercheurs notent que "le Sémaglutide, agoniste des récepteurs du peptide-1 de type glucagon (GLP-1RA), s'est montré prometteur dans les travaux précliniques pour réduire la consommation d'alcool, mais il n'y a actuellement aucun essai clinique randomisé associé à une diminution des symptômes du trouble de la consommation de l’alcool à l'utilisation du Sémaglutide".
Pour mieux comprendre les effets possibles de ce traitement, l'équipe a suivi six patients ayant eu une prescription de Sémaglutide pour perdre du poids, qui présentaient également des signes d’alcoolisme avant le début du traitement.
Les troubles liés à la boisson étaient évalués grâce à un test baptisé AUDIT. Au terme de leur prise de Sémaglutide, les 6 patients avaient vu leur consommation d’alcool diminuer. Il en était de même pour les symptômes liés à ce problème.
"Cette série de cas est cohérente avec les données précliniques et suggère que les GPL-1RA ont un fort potentiel dans le traitement des troubles de la consommation d’alcool", concluent les scientifiques.
Alcool et Sémaglutide : une autre étude confirme la baisse de consommation
D’autres scientifiques, travaillant sur les effets du Sémaglutide ainsi que du Tirzépatide (qui cible aussi le récepteur du GLP1), sur la consommation d’alcool, sont parvenus à des conclusions similaires.
Pour leur part, ils ont dans un premier temps examiné les commentaires sur les médias sociaux concernant les médicaments qu'ils étudiaient. "Les discussions liées aux « effets des médicaments » (30 %), au « diabète » (21 %), à la « perte de poids et à l'obésité » (19 %) et aux « soins de santé et à la pharmacie » (14 %) ont dominé", expliquent les chercheurs dans leur article publié dans la revue Nature, le 28 novembre. Les échanges de 962 personnes ont été analysés. Parmi leurs 1.580 messages sur l'alcool, 71 % évoquaient une diminution de l’envie de boire et de la baisse de la consommation.
Pour le deuxième volet de leur recherche, les scientifiques ont recruté 153 utilisateurs de diverses plateformes de médias sociaux. Certains participants prenaient du Tirzépatide ou de Sémaglutide, d’autres non. Ils ont tous passé le test AUDIT et donné des informations sur leur consommation d’alcool (quantité, fréquence…)
Résultats des données analysées : les scores AUDIT ont diminué lorsque les personnes ont commencé à prendre le traitement contre l’obésité. Le nombre de boissons bues par épisode a de son côté été réduit de façon spectaculaire.
"En résumé, nous fournissons des preuves initiales réelles d'une réduction de la consommation d'alcool chez les personnes obèses prenant des médicaments Sémaglutide ou Tirzépatide, ce qui suggère une efficacité potentielle pour le traitement de l’alcoolisme en comorbidité avec l'obésité", concluent les chercheurs.
Si les deux articles apportent des preuves intéressantes des effets bénéfiques du Sémaglutide ou encore du Tirzépatide sur les traitements des troubles de la consommation d'alcool, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour qu'ils entrent dans la liste des options de soins possibles.